Les rois du pétrole

Sur la route de THIÈS, nous faisons un peu plus la découverte du Sénégal. Tout d’abord les routes, une alternance de boulevard à la planimétrie parfaite et de champ de mine. Ensuite le parc automobile, au Maroc et en Mauritanie nous avions vu des véhicules hors d’age mais au Sénégal nous sommes dans un autre monde. Les véhicules sont défoncés, sans signalisation, polluants, en un mot dangereux.

J’ai trouvé un qualificatif pour décrire cela “le pays des capots ouverts”. En effet tout au long de notre voyage, nous verrons des Sénégalais le nez dans le capot de leur voiture à bricoler. Au stop nous trouvons des gamins “remplisseurs d’huile”. Au final inquiet de la vétusté de notre véhicule, nous constatons en fait que nous roulons dans un véhicule de standing en regard des critères sénégalais.

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Au pays des capots ouverts
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Mais le Sénégal, c’est aussi des paysages superbes, très vert (nous sommes à la sortie de la saison des pluies), des Baobabs géants, des Rôniers, des Acacias et une terre rouge ( la latérite) contrastant parfaitement ces décors.

Paysage d'hivernage : des rôniers dans la brousse verte
 Paysage d’hivernage : des rôniers dans la brousse verte

Le Sénégal c’est aussi des villes bigarrées et bruyantes, des mômes qui jouent au foot partout, des ports de pêche grouillants et odorants, des taxis brousses et des pirogues multicolores, des cases au toit de palmes, des bidonvilles, des charrettes et des animaux dans les rues, des antiquaires collants et des marchands d’herbe qui rend heureux.

Baobab au soleil couchant
 Baobab au soleil couchant

La nuit est tombée lorsque nous arrivons à JOAL (ville de Léopold Sendar Senghor). Il ne nous reste plus qu’une vingtaine de kilomètre de piste pour atteindre NDANGANE. Sur la piste en latérite, je roule très vite et Cyril n’est pas trop rassuré (pensez donc mourir si près du but). Sans encombre (quelques dérapages !!!) Nous atteignons FIMELA puis le campement de NDANGANE.

Nous n’avons pas de contact sur place et Cyril décide d’aller à l’hôtel le CORMORAN (il y avait séjourné l’année dernière). A peine descendue de voiture, nous sommes poliment assaillis par les autochtones. Petite présentation, salamalek, vente de la voiture, visiblement certain de nos hôtes sont au courant de notre arrivée. Un dénommé LYBAS, à l’air patibulaire mais presque, nous informe que nous dormons chez lui ce soir. Cyril ne connaît pas ce nom et préfère rentrer à l’hôtel pour voir la patronne. En attendant nous avons déjà une bonne vingtaine d’amis au village.

Dans l’hôtel, nous retrouvons Odile, la sympathique patronne des lieux. Elle arrive aussi de France (Grenoble) ou elle vient de passer des vacances. Son mari est quelque part dans le désert mauritanien. Elle est très heureuse de retrouvé des compatriotes. Nous fondons alors sur une GAZELLE (bière blonde brassée à DAKAR) et reprenons de plus belles avec Odile.

Visiblement intéressé par notre compagnie, elle propose de nous inviter à dîner avec ses quelques clients et de nous offrir la nuit à l’hôtel. Non mais sans blaguer “Amoul Dara Fi” comme dirait Cyril. Une fois encore nous sommes vernis.

Sur l’entre fait, le gardien de l’hôtel nous signale que nos amis attendent dehors pour nous emmener sur notre lieu d’hébergement. A l’évocation du nom de Lybas, Odile insiste pour que nous restions. Je suis ennuyé mais elle me dit de ménager leur susceptibilité en leur disant qu’elle est ma tante et donc que nous restons en sa compagnie. L’idée est excellente, je sors et dit à nos bodyguards que je reste chez ma tata Odile. De retour je prolonge le jeu en appelant la patronne Tata Odile toute la soirée. Ce petit jeu de rôle amusera bien l’assemblée.

Philou et Tata Odile
 Philou et Tata Odile

Pour parler de ma tante toute neuve. Elle est une femme du Sud, d’Algérie ou elle est née avant d’être expatriée par l’indépendance algérienne. Elle a gardé de ses origines, le sens de l’accueil, la chaleur humaine, la répartie et le bagout et surtout un cœur gros comme cela. Nous passons une soirée extraordinaire en sa compagnie et celle de Daniel (metteur en scène isérois vivant 6 mois par an ici) et deux clients de l’hôtel pêcheur à la ligne jusque dans les moindres de leur pensées !

Pour l’anecdote nous dégusterons en entrée des Chanterelles grises (ramenées de France) avec des œufs

Nous décidons ensuite de finir la soirée en discothèque pour décompresser un peu et tester la vie nocturne Sénégalaise (voir plus si affinité !). A peine dans la place, nous sommes accueillis par deux charmantes serveuses BINDA et AGASSI (très charmantes) qui ne manquent pas de se montrer “familières” avec nous. Putain qu’il fait chaud dans ce pays. Après coup nous nous avouons que nous ne nous sommes pas sentis très à l’aise sur le moment.

Quelques minutes plus tard nous voyons débarqués un DRAGON (en fait une toubabesse) répondant au prénom d’EVELYNE. Il s’agit d’une française habitant sur place et devant donner un coup de main à Cyril pour mettre en place les cours d’alphabétisation. Cette demoiselle est une vrai pile, et elle est visiblement très très heureuse de voir Cyril. Elle nous présente ses amis AZIZ,, AHMED, DAVID et rentre de suite dans le vif du sujet avec Cyril. Le pauvre est affolé par l’attitude survoltée d’EVELYNE, moi dans mon coin je me marre et remets un peu de carburant dans le moteur. Plusieurs fois je taquine Cyril par des “bonne chance” ou “t’as de la chance” ou encore “bon courage”. Mon Cissou m’avouera quelques minutes plus tard (après qu’elle lui ait encore une fois démonté l’épaule pour attirer son attention) qu’il aimerait bien rentrer avec moi.

Hors de question lui dis-je, t’as signé t’es là pour en chier.

La suite de la soirée sera du même acabit, heureusement les discussions avec les paisibles AZIZ, AHMED et DAVID rassureront un peu Cyril. Vers 2 heures, gagné par le sommeil mon Cissou rentre à l’hôtel, je reste là, toujours “grave en canne” en compagnie de nos nouveaux amis. Nous quittons la discothèque pour un Kebab tout proche. Je profite du moment pour calmer Evelyne et lui faire comprendre qu’il nous reste une semaine de vacance avec Cyril avant qu’il ne se mette au travail. Elle acquiesce tout en continuant de nous arranger le programme des réjouissances.

Je quitte mes hôtes vers 3 heures pour retourner à l’hôtel. Dans les rues éclairées de Ndangane, des sénégalais discutent. C’est encore l’occasion pour moi de me faire de nouveaux amis. Je finis devant l’hôtel pour une dégustation de Thé.

Bilan de cette première soirée: épuisé essentiellement par Evelyne mais on va être bien ici, “on a bien fait d’acheter ici”.

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