Un baptême à Samba Dia

BAPTÊME – Cérémonie destinée à célébrer la venue au monde des nouveaux-nés, au cours de laquelle leur est notamment attribué leur prénom dans la tradition musulmane.

Samba Dia, 31 octobre 2002

 Avec mon pote Ameth à Samba Dia

Jour de fête pour la famille Faye : leur fils Pape surnommé « Playboy » (sans doute parce qu’il se la raconte un peu) baptise son premier enfant, un garçon né quelques jours plus tôt. Je n’étais pas vraiment un proche de la famille mais je fus invité… Il faut dire que j’avais une voiture, et qu’elle était bien pratique pour transporter à moindres frais la sono de N’Dangane à Samba Dia. Si Pape avait demandé à un sénégalais, il aurait dû payer 1500 F CFA… Trop heureux d’avoir l’occasion d’assister à la cérémonie, j’acceptai sans hésiter. La veille, j’avais déjà fait le taxi-brousse pour emmener un jeune jusqu’au village de Baboucar, où son père venait de décéder…

Samba Dia est un village situé à sept kilomètres de N’Dangane, sur la piste en latérite qui mène à Joal. Nous sommes partis après avoir récupéré les platines et les enceintes au Jogmay, la discothèque de N’Dangane : la sono arrimée derrière à la sénégalaise, Ameth avec moi à l’avant, Moussa et Pape Sy accrochés et debout à l’arrière avec les portes ouvertes… J’ai trouvé le moyen de me faire arrêter à l’entrée de Samba Dia par un gendarme local pour… surcharge ! Moussa est allé parlementer pour m’éviter l’amende, et mes passagers clandestins ont fini à pied jusqu’à la concession des Faye.

 Le sacrifice rituel du mouton

Il y en avait du monde sous le gros manguier ! Les hommes d’abord, en grand boubous majestueux, assis au pied de l’arbre en pleine séance de palabres ; les femmes, lourdement maquillées et vêtues de belles tenues colorées, assises sur les chaises. Pendant que deux ou trois hommes se chargeaient d’égorger le mouton, un groupe de femmes cuisaient le riz et préparaient la sauce. Et puis, sans préambule, la cérémonie a commencé.

A côté de moi, Ameth me détaille les événements pour m’aider à comprendre. Dans la tradition musulmane, le nom n’est donné à l’enfant qu’au terme des sept jours suivant sa naissance, le jour de son baptême. L’enfant prodigue est apparu et a commencé à passer de bras en bras au milieu des hommes. Chacun eut pour lui un mot, une bénédiction, telles les fées se penchant sur le berceau… On baptise un enfant souvent en hommage à un membre de la famille ou à un ami : celui-là s’appellera Boubou, comme son grand-père.

Soukeye, griotte et cousine de la famille Faye

Vient alors le moment de la prière collective, tête baissée et mains tournées vers le ciel… D’un regard, Ameth m’invite à suivre le mouvement collectif, ce que je fais, pas vraiment à l’aise. La prière se termine par le traditionnel Alhamdoullilah (Dieu merci), accompagné par un mouvement des mains cachant le visage puis glissant de haut en bas en signe de purification… Le petit Boubou Faye était baptisé. Des noix de cola sont alors distribués aux convives. J’en croque un morceau sans conviction… Pouah, quelle amertume ! Et dire que c’est la confiserie préférée des vieillards africains !

La suite fut moins solennelle, plus joyeuse et festive. Il y eut les chants des femmes, accompagnées par les hommes au sabbar.

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Baptême : chants & djembés (1)
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Baptême : chants & djembés (2)
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Il y eut le repas, une centaine de convives regroupés autour de dix ou douze plats posés sur le sol, où l’on mangea avec la main évidemment… Il y eut une quête réalisée à l’intention de la famille du nouveau-né, toujours en chants et en musique à l’heure du thé. Plus tard dans l’après-midi, les femmes revinrent dans de nouvelles tenues pour terminer la journée, tard dans la nuit de Samba Dia…

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