Koukou de Koudougou

Koudougou (Burkina Faso), 27 février 2003

Quand t’arrives, c’est super, il fait beau ! Et puis chaud, quarante degrés à l’ombre !!…
…Là-bas, t’as pas d’ombre. Là-bas le soleil c’est pas ton ami… Là-bas c’est crème solaire indice de protection 18-20, XL, XXL… Tee-shirt manches longues, en coton, parce que le nylon quand ça fond ça brûle…” (Patrick Timsit)

Salut les blancs de la France… Le toubab est de retour, ou plutôt le nassara comme on on dit au Burkina ! Me voici à Koudougou depuis dimanche, en compagnie des zinezines Karine et Vaness depuis 2 semaines, après nos retrouvailles à Mopti au lieu et au jour prévu (l’hôtel “doux rêves”, le soir de la St Valentin…). Petit retour sur notre aventure en pays dogon et le début de notre séjour burkinabé…

Après une belle journée à Mopti avec balade en pirogue sur le fleuve Niger, nous avons rejoint le pays Dogon via Bandiagara où nous avons eu la chance de trouver un super guide, d’après recommandation. Quelques minutes de négociations à peine pour un tarif raisonnable et un programme à la carte : 6 jours de rando, nuits sur les toits, petits dej, repas et thé compris, ainsi que la sieste quotidienne… Formule “sans-soucis” pour mieux profiter de tout.

Je vous l’accorde, c’est très “tendance” le pays dogon, de plus en plus touristique : le toubab n’y est pas une denrée rare, les mômes réclament souvent bics et bonbons (à qui la faute ?) et le commerce de souvenirs prend de plus en plus le pas sur les activités traditionnelles. Mais ça demeure une balade fantastique, et c’est tellement beau !! Passer une semaine en pays dogon, c’est d’abord vivre hors du temps, hors du monde moderne, loin des voitures, de l’électricité et des portables, à la rencontre d’un peuple à la culture fascinante, dans un cadre naturel des plus exceptionnels. Une semaine de rando tranquille (j’ai quand même moins souffert que sur le GR20…), le plaisir de marcher en longeant une falaise enivrante de beauté, des décors somptueux et différents chaque jour (plateau rocheux, plaine
semi-désertique, cordon de dunes…), des villages surprenants et pleins de charme, des marchés colorés et vivants, des autochtones souriants et chaleureux… Et puis la vie au grand air, les repas avec les produits des jardins dogons (ah les oignons ! ah les salades vertes ! ah les papayes !), les nuits sur les toits avec les plus beaux ciels étoilés de mon existence, les petits dej’ au lever de soleil, la sieste sous les toits en tiges de mil aux heures les plus chaudes de la journée et la douche à ciel ouvert
au crépuscule, avec le seau ! Bref… les dogons ont bien fait d’acheter là-bas, et nous on a bien fait d’aller visiter. Le pays dogon m’a subjugué au delà de tout ce que j’avais pu imaginer, une semaine à rêver les yeux ouverts et à sourire face à tant de beauté et de merveilles. C’est l’un des endroits les plus magiques qu’il m’ait été donné de parcourir depuis que je voyage. J’ai quitté le Mali après deux semaines bien trop courtes, en me promettant d’y revenir un peu plus longtemps un jour !

Je vous passe les détails du trajet entre Mali et Burkina, un peu moins mouvementée qu’entre Sénégal et Mali, mais quand même : 3 km de charrette, 1 heure d’attente, 60 bornes à manger de la poussière à l’arrière d’une bâchée, 4 heures d’attente, 280 km et 2 bus pour rallier Ouagadougou, capitale du Burkina à 21 heures… Plus de bus pour Koudougou, nuit forcée à Ouaga et liaison vers Koudougou au petit matin. Depuis dimanche, les journées défilent au rythme des visites et des rencontres avec les amis de la troupe Saaba et du centre Benebnooma (www.benebnooma.bf). Nous avons adopté le moyen de locomotion le plus courant ici, le vélo, et ça fait beaucoup rire les burkinabés de voir des nassaras pédaler. Tous les mômes nous saluent en souriant et en criant “nassara, nassara ça va ?”… ça change des “toubab donne moi le cadeau” trop souvent entendus au Sénégal ou au Mali !

Le temps fort du séjour devrait avoir lieu en début de semaine prochaine, avec le séjour de trois jours dans le village de brousse de Sémaga, jumelé avec St Jean. J’ai hâte de voir l’accueil qui va nous être réservé, les zinezines m’ont déjà prévenu que c’était assez irréel… Sans doute un avant-goût de ce qui m’attend au Niger à la mi-mars.

A part ça, il fait chaud et c’est peu de le dire… J’ai pas sué comme ça de jour comme de nuit depuis octobre au Sénégal. Y’a plus de saisons, même les burkinabés disent que les grosses chaleurs sont en avance. On transpire à grosses gouttes dès qu’on s’agite un peu, alors on bouge tranquille, à l’ombre des manguiers, en sirotant un coca ou une bière fraîche. Comme le répète Karine au moins deux fois par jour, “on n’a pas des vies faciles…”

Bien à vous les nassaras !

Cy-real