L’entrée en Mauritanie

Entre la frontière marocaine et celle de la Mauritanie, nous n’avons croisé aucun lieu de vie, aucun panneau, aucun végétal. Nous avons la sensation d’être sur la lune. Le poste frontière ne déroge pas à cette sensation. Deux cabanes en pierre couverte d’une bâche (police et douane), à l’intérieur des mouches et un bordel indescriptible (reste de nourriture, vêtement, vaisselle sale, etc..).

Dans le poste de police, le chef nous reçoit allongé sur son lit. Il nous questionne sur les raisons de notre voyage et surtout sur le contenu de la voiture. Depuis 15 mn que nous discutons, je devine ses intentions. Il ne nous pas encore demander quoique ce soit sur nos papiers lorsqu’il me demande quel cadeau, nous allons lui remettre. Je continue les palabres avec lui pendant que Cyril s’occupe des visas et des papiers de la voiture. Ne voulant pas éterniser ce moment désagréable, nous lui lâchons quelques cahiers et une bouteille d’eau. Je ne me souviens même pas s’il nous a dit merci.

Arrivé dans la deuxième cabane (la douane), même décor, même attitude. Encore une fois je ne veux pas faire durer le “plaisir ce cette rencontre”. Je demande qui est le chef pour lui remettre mes clous de girofle et sortir au plus tôt de ce lieu sordide. Celui qui me semble potentiellement héritera de 500 g des précieuses épices.

Pendant ce temps Ahmed notre guide à trouver une relation pour faire un bout de chemin ensemble. Il s’agit d’un jeune homme faisant du business de voiture entre l’Europe et la Mauritanie. Je voyagerai donc un moment dans sa Mercedes (autant dire que cela nous arrange, surtout moi !!!).

Vient alors le moment de discuter le tarif de la traversée avec Ahmed. Sachant que la fermeture de l’ambassade de Mauritanie à RABAT nous a obligé à payer 3 fois plus cher le visa à la frontière, nous escomptons faire une économie sur le coût du guide (que nous ne pourrons partager vu que nous n’avons pas trouvé d’autres personnes pour faire un convoi). De plus nous n’avons encore presque plus de liquide. Ahmed accepte de baisser son prix de 20 € pour conclure à 180 € (nous apprendrons à Nouakchott en discutant avec des compatriotes que nous n’avons pas fait une mauvaise affaire, ni tombé sur un mauvais bougre).

L'entrée du désert mauritanien
 L’entrée du désert mauritanien

Nous voilà donc en route pour le désert. Je suis confortablement installé dans la Mercedes et Cyril dans l’Express. Nous roulons une heure environ dans des paysages grandioses. Le désert est vraiment beau et impressionnant. Mon pilote est un jeune homme intéressant (je constaterai plus tard que c’est une denrée rare en Mauritanie) qui parle un peu français, espagnol et anglais. Ahmed s’ensable une première fois en voulant franchir une grosse dune. Petite poussette et nous voilà prêt à repartir. C’est à ce moment que débarque le 4×4 de la douane. Le chef douanier (le vrai ) s’approche pour me faire remarquer que je lui avais promis un cadeau. J’hallucine ! Il a fait tous ses kilomètres pour réclamer un cadeau. Je lui explique avoir remis les épices à son collègue. Notre homme n’insiste pas et fait demi-tour !!!

Titine à l'entrée du désert
 Titine à l’entrée du désert

Après avoir franchi la voie de chemin fer (limite entre la zone minée et la zone sécurisée), nous arrivons sur une tente de Touareg. Il y a un puits, des dromadaires, des enfants et un couple. La première image marquante est le désœuvrement extrême de ces gens et la saleté environnante. En effet les Mauritaniens n’ont aucune notion d’écologie (je pourrai dire de propreté !) et ils jettent tout par terre. L’hygiène est déplorable malgré la présence du puits. Nous faisons quelques photos et découvrons un peu plus le sport national Mauritanien: “la demande de cadeaux”.

C’est le terminus pour mon pilote et nous remontons dans l’Express (toujours 3 devant). Nous sommes désormais au milieu des dunes, bien serré au chaud dans la voiture. Le vent de sable souffle et il nous est presque impossible de rouler fenêtre ouverte. Malgré ces conditions “difficiles” nous sommes très heureux d’avoir atteint cette étape importante du voyage. Nous voulions le désert, nous l’avons et il est fidèle à l’image que l’on peut s’en faire.

L'entrée du désert mauritanien
 L’entrée du désert mauritanien

Deux heures de voitures plus tard et une petite crevaison, Ahmed nous annonce l’arrivée dans 20 minutes à l’hôtel ???

Nous sommes surpris par la présence d’un tel établissement et par le sens de l’orientation et des distances de notre guide. En effet nous sommes au milieu de nulle part, sans repères, mais notre homme connaît son désert. Nous sommes quelques peu dubitatifs !!!

Effectivement 20 min plus tard, nous arrivons sur une cabane en bois au milieu du néant. Il s’agit en fait d’une épicerie du désert avec une pièce dédié au couchage des voyageurs. Ahmed nous annonce que nous allons passer la nuit ici.

Notre cabane dans le désert...
 Notre cabane dans le désert…

Dans la pièce principale, nous sommes accueillis par une forte femme assise accompagnée d’un jeune homme noir (que nous prenons pour son mari malgré la différence flagrante d’age). La pièce est consacrée au commerce, à la cuisine et au couchage. Nous sommes confortablement installés sur un tapis avec de jolis coussins à l’abri du vent de sable.

Repas mauritanien
 Repas mauritanien

Ils nous offrent le thé version Mauritanienne (3 thés). La femme nous observe avec attention, elle sourit et à l’air visiblement heureuse de voir des “Ensallah” (toubab en Mauritanien). L’homme à ses côtés à l’air soumis. En effet, tout au long de la soirée passée en leur compagnie, nous ne verrons jamais la femme se lever, chaque geste ou commission nécessitant de se déplacer sera exécuté par l’homme (j’en connais qui se réjouissent déjà du tableau !!!). Elle prépare le repas tout en discutant avec notre guide. Nous constatons encore une fois que l’homme n’a pas voix au chapitre lors des discussions (ça fait rêver les filles ?).

Nous questionnons aussi beaucoup notre guide sur le désert, sur son pays, etc.. Il s’avère rapidement que les “domaines de compétences” d’Ahmed sont réduits. Après le thé et pour remercier notre hôtesse nous allons chercher les restes du raisin acheté à Marrakech. Visiblement nous faisons plaisir avec nos fruits frais et l’ambiance se détend. La femme me propose de goûter à sa pipe de tabac. Les mauritaniens consomment du tabac gris avec une petite pipe en laiton. Il bourre cette pipe cylindrique d’une petite quantité de tabac correspondant à une 4 ou 5 taffes. Pas terrible au goût mais raisonnable du point de vue de la quantité absorbée.

Le repas sur le feu, nous en profitons pour sortir prendre l’air. Le vent souffle encore et toujours mais nous ressentons une vraie sérénité devant ces étendues vierges et ce silence. La nuit est tombée, le ciel est empli d’étoiles.

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Ambiance maure dans la cabane du désert
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Philou dans la cabane du désert
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Nous rejoignons l’assemblée avec nos frontales sur la tête. La femme est très curieuse de notre équipement qu’elle demande à voir. Elle pose même l’objet sur sa tête en rigolant, Cyril en profite pour la photographier. Nous dégustons ensuite notre repas composé de pommes de terres, viande séchée de moutons, pâtes oignons et tomates. Excellent repas qui finira par nous réconcilier avec la Mauritanie :).

Ahmed et notre hôtesse maure
 Ahmed et notre hôtesse maure

Nous passons alors dans la pièce d’à coté pour finir le raisin et prendre le thé. Cette grande pièce est couverte d’un superbe tapis et de coussins du meilleur effet. Nous sommes encore mieux qu’à l’hôtel ! Nous tentons quelques discussions avec nos hôtes et notre guide (l’homme n’ouvre toujours pas la bouche) mais les débats restent limités par la barrière de la langue et aussi la pauvreté culturelle de notre guide. Nous ne sommes qu’au début de la découverte de la mentalité mauritanienne !

Le thé passé, nous écoutons de la musique typique, disons que c’est reposant mais que ça saoule la quiche au bout d’un moment. J’en profite pour sortir mon cahier de voyage et Cyril un livre. Nous faisons effet, visiblement les mauritaniens ne doivent pas voir souvent un cahier et encore moins un livre.

Petit à petit le sommeil nous gagne et nous nous endormons bercé par le souffle du vent. La nuit sera très profonde, les voisins ne faisant pas de bruit.

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