Vendredi 4 octobre 2002,
Saint Louis du Sénégal
La paresse est nécessaire. Il faut la mêler à sa vie pour prendre conscience de la vie. (Jacques Chardonne)
L’étape : St Louis du Sénégal
Lever tardif, siestes dans les hamacs, baignade… Journée passée à l’hôtel avec Manu et Delphine, deux françaises de Berlin rencontrées sur la plage (mémorable séance de Bolino et de thé). Nouvelle sortie nocturne, cyber puis rencontre de Cheikh et Bamba : bière à la caserne des pompiers puis soirée thé, chansons et contes africains chez “les amis du Wolof”. Un dernier Ricard à la pointe Nord, coucher à 4h30… Nuit à L’Oasis.
Kilomètres du jour : 0. Depuis le départ : 5750.
Les SMS du jour
Cy-real & Philou (Service Clients du portable de Cy-real) : ” DEPASSEMENT PLAFOND DE CONSOMMATION – CONTACTEZ D’URGENCE LE SERVICE CLIENTS “
L’image
La plage et l’océan – Si nous n’avons jamais été très loin de l’océan, nous n’avons guère profité jusqu’à présent de la côte et de ses plages : une seule baignade en Espagne (Tarifa), aucune au Maroc, une seule aussi en Mauritanie dans un environnement pour le moins hostile… Alors je suis heureux de retrouver les grandes et belles plages de St Louis. La plage est déserte ce matin-là, ce qui ne gâche rien. Je me sens le roi du monde en allant me plonger dans l’océan, en songeant avec délectation que c’est l’automne en France, qu’il doit faire froid et qu’il y a des gens qui bossent….
Le détour
L’Oasis – Après trois jours de désert et avant d’emménager pour plusieurs mois dans une case au confort rudimentaire, j’ai envie en débarquant à St Louis de m’offrir un petit plaisir : une vraie chambre, avec un vrai lit, une vraie douche, le tout au bord d’une vraie plage… Je connais une bonne adresse (L’Oasis, sur la langue de Barbarie) pour y avoir passé deux nuits lors de mon précédent séjour. Je dois insister un peu auprès de Philou qui se laisse convaincre assez facilement en découvrant le petit paradis que je lui propose : coincé entre le fleuve Sénégal et l’océan, l’Oasis est composé de petites cases traditionnelles (tout confort), au milieu d’un jardin de sable et de coquillages, agrémenté d’une abondante végétation. Une immense plage de sable borde le campement, l’océan est à quelques dizaines de mètres et nous assistons dès notre installation à un magnifique coucher de soleil sur la mer. Après une excellente nuit, les avis sont unanimes : on a bien fait d’acheter ici. Philou squatte les hamacs pendant que je vais piquer une tête, et trop heureux de pouvoir enfin nous poser, nous ne quittons pas l’hôtel de la journée !
La rencontre
Manu et Delphine – Le soleil brillait, le ciel était bleu, la mer était belle, il faisait beau, il faisait chaud et nous avions la plage pour nous. Il ne manquait que les filles… (Philou dirait “ça manquait de wifes”). Nous avons dû le penser si fort l’un et l’autre que comme par miracle, notre souhait a été exaucé : nous voyons deux gazelles toubabs sorties de je ne sais où débarquer sur “notre” plage. Philou fait jouer une fois de plus son incroyable sens du relationnel, et nous sympathisons assez vite. Manu et Delphine sont deux françaises expatriées à Berlin, venues passer la journée à St Louis après quatre heures de trajet en taxi-brousse depuis Dakar… Nous les invitons à boire un coup, les deux filles sont cool et le contact passe plutôt bien. Il faut dire que depuis Essaouira et la délicieuse Kathryn, nous n’avons croisé que de grosses fatmas mauritaniennes alors nous apprécions cette charmante présence féminine. Nous les invitons même à partager notre repas mais pour reprendre une expression de Bigard, on est monté plutôt fin : tout ce qu’on a à leur proposer, ce sont des conserves et des bolinos ! Les deux filles ne sont pas difficiles, mais elles se foutent un peu (voire beaucoup) de notre gueule devant le festin que nous leur préparons : salade exceptionnelle (sardines à l’huile, maïs, un peu de sel et on arrose le tout d’huile d’olive : terrible), puis au choix, bolinos “spaghett’ bolo” ou “hachis Parmentier” (tout aussi extraordinaires). Nous sauvons le repas avec le dessert en dévoilant notre meilleur argument : le pot de Nutella. Celui-ci prend d’ailleurs ce jour-là la plus grosse claque de sa courte existence (horreur ! on commence à voir le fond du pot !), et les deux gourmandes ne sont pas les dernières à participer au carnage, ayant le coup de cuillère plutôt leste.
Pour nous remercier de notre invitation, Manu et Delphine se lancent dans la préparation du thé, et cette fois c’est à notre tour de rigoler… Apparemment, elles ne sont pas plus douées que nous et le breuvage final est limite imbuvable ! La séance photo souvenir est assez mémorable aussi. Philou et Manu se taquinent, il faut dire que la charmante Manu a du répondant et le sourire plutôt facile.
Mais l’après-midi tire à sa fin, et plutôt que de rentrer sur Dakar (pas top de circuler seules à Dakar by night pour deux gazelles toubabs), nous allons jusqu’à leur proposer de partager notre case pour la nuit (on a quatre lits, faut rentabiliser !). Les belles hésitent mais choisissent finalement de rentrer. La nuit est tombée, nous les conduisons jusqu’à la gare routière où nous sommes pris d’assaut par les autochtones, chauffeurs, vendeurs et autres baïfal qui réclament de l’argent pour le marabout… Nous attendons que les filles trouvent leur taxi, puis nous les abandonnons, un peu inquiets quand même. Salut les filles, rendez-vous à Berlin !
La p’tite histoire
Incendie à St Louis – Nous croisons Cheikh et Bamba en sortant du cyber, et en quelques échanges, nous acceptons d’aller boire un verre avec eux. L’endroit est assez insolite : la buvette est située à l’intérieur même de la caserne des pompiers, au sud de l’île. Nous passons une très bonne soirée en descendant une ou deux “gazelles” (les bières, pas les filles), puis Cheikh nous propose d’aller boire le thé chez eux. En quittant la caserne, nous saluons les deux ou trois pompiers de service et sans doute échauffés par la bière, Philou et moi leur proposons de leur interpréter une petite chanson de notre répertoire. Nous entonnons donc l’incontournable “Incendie à Rio” (“Où sont passés les tuyaux, les tuyaux…”) au beau milieu de la nuit en pleine caserne, sous l’oeil goguenard des pompiers… Cheikh et Bamba en rigoleront pendant cinq bonnes minutes !
L’œil de Philou
“Du bonheur, du bonheur, du bonheur, franchement on a bien fait d’acheter ici. La plage, la farniente, les filles (et en particulier la charmante Manue), la possibilité de communiquer notre voyage, de le réfléchir une première fois. Le sex appeal du pot de Nutella et la cérémonie du thé. Le premier pétard au haschisch marocain conservé précieusement jusque là. La chanson des tuyaux devant les pompiers médusés, le débit de parole hallucinant de Cheikh (j’ai trouvé un plus bavard que moi). L’écriture d’un autre poème dans le hamac, mêmes conditions, même plaisir.”
Et dans le magnéto…
- La chanson “Fatou yo” par les amis du Wolof (Cheikh, Abdulaye, Bamba)…
- … et l’explication du sens de la chanson par Cheikh