Le taxi-brousse dévore à grand-peine les kilomètres d’une route convulsée, fondrières de rocaille érodée par la violence des pluies pourtant rares, et par le vent opiniâtre de la saison sèche. Le véhicule laisse derrière lui un panache de poussière ocre que la sueur fixe sur le visage. La chaleur s’ajoute, suffocante, avec ses odeurs familières, chargées de souvenirs. Mes compagnons inconnus et moi sommes serrés les uns contre les autres, comme une nichée d’oiseaux ou de lapins. Notre masse, car nous ne sommes plus que cela, suit le mouvement du taxi surchargé et comme en état d’ébriété… (Pierre Rabhi, « Parole de terre »)
Mes expéditions sur les pistes africaines…
- Yaya, dans le train Kayes-Bamako (10 février 2003)
- De Tambacounda à Bamako : 50 heures, 2 nuits, 8 véhicules (11 février 2003)
- De Niamey, comme prévu… (19 mars 2003)
- Une réunion de directeurs d’écoles à l’IDEN de Fatick (7 mai 2003)
- Mohiss – Tout passe (Dieu merci !) (6 juillet 2009)
- Un car pour N’Dangane (13 juillet 2010)
- L’autre jour le plus long (25 juillet 2010)
En taxi-brousse ou en clando, en minibus ou en car, en charrette ou en bâchée, en mobylette ou en train… voici le récit de quelques aventures – épiques ! – que j’ai vécues sur les routes et les pistes africaines en utilisant exclusivement des moyens de transport en commun locaux.
Je vous emmène ainsi à la découverte du covoiturage poussé à l’extrême et des postures très inconfortables qu’il faut supporter sur des kilomètres, des départs “quand la voiture est pleine” et des arrivées “Inch’ Allah”, des chargements et des montagnes de bagages qui s’entassent dans les coffres, entre les sièges et surtout sur la galerie, des pannes aux durées indéterminées et des “débrouillardages” qui permettent de repartir, de la patience et du courage, de l’attente et de l’endurance !
Par choix (ou par absence de choix !), j’ai ainsi souvent évité les itinéraires officiels et les trajets “faciles” en avion ou en 4×4 avec chauffeur… Je crois qu’on ne voyage bien qu’en adoptant les conditions de vie des autochtones, aussi difficiles et improbables puissent-elles être. J’ai parcouru plusieurs dizaines de milliers de kilomètres par voie terrestre sur le continent africain, en voiture avec ma Titine bien sûr, mais aussi et surtout au milieu des autochtones dans les incontournables taxis-brousse, bâchées, charrettes, trains et autres “mobylettes-brousse”. J’ai connu des ensablements, d’innombrables pannes, retards et autres incidents techniques. Je me suis offert un trip “tape-cul” de 65 kilomètres de piste défoncée en pleine brousse sur un porte-bagages de mobylette au Burkina Faso le jour de mes 30 ans ; j’ai passé 45 heures dans un wagon de seconde classe du train entre Dakar et Bamako ; j’ai pris onze véhicules différents (de la charrette au taxi-brousse) pour parcourir 300 kilomètres en 15 heures au Sénégal ; j’ai parcouru 2000 kilomètres en trois jours pour aller du Mali au Bénin ; il m’est arrivé de voyager à 4 sur une moto ou à 12 dans une 505 Peugeot même pas break…
J’ai appris qu’un trajet rectiligne sans arrêt et sans pépin du départ à l’arrivée, ici ça s’appelle un miracle. Mais même sans problème majeur, aucun trajet aussi court soit-il, aucune étape n’est banale ou anodine en Afrique. Parce qu’il y a toujours un grain de sable – ou un nid de poule ! – qui se glisse sur le parcours, là où il n’aurait pas dû être… On trouve malgré tout toujours matière à sourire ou à s’émerveiller au cours de ces trajets interminables, qui occasionnent souvent de belles rencontres et vous laissent en tout cas des souvenirs inoubliables et impérissables !
« J’ai vécu en Afrique pendant des années. J’ai sillonné le continent, évitant les itinéraires officiels, les palais, les personnalités importantes et la grande politique. J’ai préféré me déplacer en camion de fortune, courir le désert avec des nomades, être l’hôte de paysans de la savane tropicale…» (Ryszard Kapuscinski, reporter polonais, préambule de son fabuleux récit « Ebène – aventures africaines »)
Je n’ai pas vécu des années en Afrique comme Kapuscinski, mais pendant onze mois j’ai moi aussi évité les itinéraires officiels et les trajets “faciles”… Je crois qu’on ne voyage bien qu’en adoptant les conditions de vie des autochtones, aussi difficiles et improbables puissent-elles être. En onze mois, j’ai parcouru pas loin de 30000 kilomètres par voie terrestre sur le continent africain, en voiture avec ma Titine bien sûr, mais aussi et surtout au milieu des autochtones dans les incontournables taxis-brousse, bâchées, charrettes, trains et autres “mobylettes-brousse”. J’ai vécu des ensablements à bien des reprises, j’ai connu de nombreuses pannes et autres incidents techniques (comme cette roue perdue dans un taxi-brousse au Sénégal), je me suis offert un trip “tape-cul” de 65 kilomètres de piste défoncée en pleine brousse sur un porte-bagages de mobylette au Burkina le jour de mes 30 ans, j’ai passé 45 heures dans un wagon de seconde classe du train entre Dakar et Bamako… Même sans problème majeur, aucun trajet aussi court soit-il, aucune étape n’est banale ou anodine en Afrique. Parce qu’on trouve toujours matière à rêver et à s’émerveiller, que ce soit dans les paysages traversés, dans les scènes de vie ou dans les regards des africains.
Inutile de vous dire que j’ai eu le temps de vivre quelques trajets mémorables que je vous invite à revivre avec moi. Âmes prudentes et sensibles s’abstenir !
TAXI-BROUSSE, ETC.
23 septembre 2002 – 5 octobre 2002
De France au Sénégal en Renault Express (septembre-octobre 2002)
St Jean de Touslas – N’Dangane
9 février 2003
Du Sénégal au Mali
Tambacounda – Kayes – Bamako
22 et 23 février 2003
Du Mali au Burkina
(Telli-Koudougou, charrette + bâchée + bus)
11 mars 2003
Burkina Faso, de Koudougou à Semega en mobylette-brousse
18 et 19 mars 2003
Du Burkina au Niger
(Ouagadougou – Niamey, bus + taxi-brousse)
du 29 mars au 2 avril 2003
Du Niger au Sénégal
(Niamey-Dakar via Ouaga et Bamako, bus + avion)
7 mai 2003 ?
Sénégal, de Fatick à Fimela
du 21 au 23 juin 2003
Du Sénégal au Mali
Train Express International (1) : Dakar – Bamako
(train)
25 juin 2003
De Mopti à Djenné (Mali)
26 juin 2003
De Djenné à Bamako (Mali)
du 28 juin au 4 juillet 2003
Train Express International (2) : Bamako – Dakar
(train jusqu’à Tamba puis taxi-brousse, du 28 juin au 4 juillet 2003)
10 juillet 2003 ou 15 juillet 2003
Sénégal, de Dakar à N’Dangane
Du Mali au Bénin (juillet 2008)
Les traversées vers la Casamance 2008, 2010