Yaya, dans le train Kayes-Bamako

Yaya – Chasseur de buffles et commerçant sénégalais, rencontré dans le train entre Kayes et Bamako.

Dans le train entre Kayes et Bamako, 10 février 2003

Il a accroché sa petite radio devant lui avec un bout de ruban. “C’est de la musique africaine”, m’explique-t-il. Yaya est sénégalais… Nous parlons du pays, de son pays dans lequel je viens de passer quatre mois.

“Moi je viens de la brousse, je suis un vrai Africain !” Originaire d’un village de brousse du Sénégal Oriental (près de Goudiry), Yaya n’est jamais allé à l’école. Il a appris le français pour pouvoir faire du commerce au Mali ou en Côte d’Ivoire.

“Moi je connais rien, j’ai la tête très vide !”

Il est plutôt marrant, Yaya. Il me raconte qu’un jour, il a été pris en chasse par les gardes forestiers du Niokolo, alors qu’il traquait le buffle !…

Bientôt, c’est lui qui m’interroge sur la France :

“On m’a dit qu’en France les trains descendent sous la route, est-ce que c’est vrai ? Moi je crois pas c’est possible… On m’a dit aussi que dans les immeubles plus de trente étages, pas d’escaliers mais des… (il cherche le mot ascenseur). Voilà ! Est-ce que c’est vrai ? Moi je crois pas c’est possible…”

Et Yaya de s’étonner devant ma lampe électrique, mon appareil photo… Il pose avec sérieux.

Yaya (qui ne sait pas lire) finira par emprunter quelques secondes le guide touristique de mon voisin espagnol, en ajoutant malicieusement : “Faut que je remplisse la tête !”
Mais au bout de quelques secondes, il rend le livre et commence sa nuit en se cachant sous sa chemise…