N’Dangane, jeudi 15 juillet 2010
Après une nouvelle nuit paisible, je me lève à la fraîche (euh…) pour bouquiner dans le matin calme. J’avale “Ubu roi” (je pourrai enfin employer l’adjectif ubuesque en connaissance de cause !). Après les salutations et le rituel du café Touba, nous revenons nous poser au Mazet pour tenter de “structurer” un peu notre séjour. Quelques coups de fils sont passés ici ou là (à la Case, au Clep, à Bassoul…), un Jángaplanning est établi… la mission est sur les rails !
Il est (déjà) 13h20 lorsque nous réalisons que nous sommes attendus chez Moussa et Khady pour le thieboudien. Nous découvrons avec étonnement deux voitures dans la concession, les enfants Faye ayant monté avec Talla (un gamin de 20 ans désormais plus grand que moi !) une activité de lavage de véhicules à côté du puits.
Khady et la bonne s’activent encore en cuisine, et les enfants se chargent de nous faire patienter en encerclant nos chaises.
Mame Diarra est désormais une grande fille ; Mado et Fatou (Yaya) ont presque huit ans (je les avais vues sur leur lit de baptême en arrivant à N’Dangane avec Philou en octobre 2002). Elles ont été rejointes par les trois garçons de Soukeye : Massamba, Gora et Samba M’bathié. Plus quelques autres, à l’ascendance pas très clairement identifiée…
Impossible d’écrire ici : curieux de mon cahier et de mon “bic”, les enfants me demandent de lire, d’écrire, de dessiner. J’écris le prénom de Massamba, dont le visage s’illumine. Il me demande de continuer en écrivant le nom de ses frères, puis le mien, celui de Claire, puis “bonjour”, “monsieur”, “madame” “comment ça va ?”. Je dessine bientôt un mini labyrinthe (on dit une piste en maternelle !) que tous se pressent pour accomplir, le “bic” passant de main en main… Tous ne cessent de solliciter notre attention. C’est l’appel du repas qui nous libère de leur enthousiasme débordant. A ce moment là, Talla démarre une voiture dont le pot d’échappement pointe à moins d’un mètre du plat familial… Le thiep est malgré tout excellent comme d’habitude, notamment le riz grillé de fond de casserole (le “khougn” me rappelle Moukeye).
Pendant que je reste sous les flamboyants à rédiger le carnet, Imam prépare le thé. Bichetteka est allée retrouver sa natte, où Amara lui porte l’ataya en s’agenouillant comme il le ferait pour une princesse !
Vers 17h30, nous entamons la remontée de la route en essayant pour la première fois de dépasser le Pic-boeuf de jour… Le restaurant d’Amadou est désormais fermé, celui-ci ayant appris la veille le décès de sa mère. Il le restera toute la semaine.
Nous saluons Fa et Bissane, puis un peu plus loin le playboy Khacim, désormais gérant du N’Dangane Café. Juste à côté, un cyber – sans ordinateurs ! Nous faisons étape à la pharmacie pour me récupérer un anti-palu (Bichetteka m’a fourni en doxypalu les six premiers jours). Pas de doxypalu, il me propose de la Savarine, suffisante selon lui… “Là-bas en Europe ils disent n’importe quoi…” Finalement, je commande quatre boîtes de Tétradox – la même molécule que le Doxypalu.
Plus loin, nous bifurquons sur la droite en direction du Clep. Le bâtiment est fermé, seul un chien semble avoir établi ses quartiers ici. La cour est extrêmement végétalisée, que d’ombre dans cette cour ! Tiens, un trampoline ?!?
Nous poursuivons notre tour des “institutions” de N’Dangane jusqu’à la Palangrotte, ex-campement de tourisme solidaire, en totale perdition suite à une sombre histoire… Au retour, nous sommes abordés par un vieux monsieur avide de dialogue. Ex-professeur de français, il nous raconte avoir écrit un essai interdit au Sénégal, mais paru en France aux éditions de l’Harmattan sous un titre énigmatique : Coup de matraque contre un milliard, par M. Abdou N’Diaye. Il nous invite à repasser le voir à l’occasion… Nous le quittons un poil perplexes, partagés entre sa profonde conviction et une possible mythomanie (en tout cas, Internet n’en a jamais entendu parler…)
Nous allons alors boire une Gazelle au N’Dangane Café avec Khacim qui est désormais revenu au village, après avoir travaillé à M’Bour. Ce costume de gérant dans ce sympathique restau-bar-dancing lui va comme un gant, et l’endroit est vraiment agréable. Mais pour manger ce soir-là, nous préférons un vrai sandwich (chaud) chez Fa, tout en essayant d’établir une généalogie Touré/Faye/N’Diaye [pour mémoire : Bissane, Kiné, Fa et Rama sont toutes les quatre de même mère ; Fa et Rama étant de même père même mère].
Nous terminons la soirée dans la grande maison d’Ameth, autour d’un thé pris en compagnie de son chien (khaït) et de ses deux moutons.