La nuit a été douce et reposante. Au petit matin, nous végétons sous un soleil brûlant. Le rythme intensif de notre périple est oublié, nous nous laissons vivre et profitons de la douceur de notre hôtel. Cyril lit, écrit, se repose. Moi j’ai rejoint mon hamac pour prolonger la nuit.
Aux environs de 11 heures, nous décidons d’aller goûter aux joies de l’océan tout proche. La plage est déserte, seul un troupeau de Zébu passe seul sans berger !!! Le dernier à l’eau est une pine ! et hop ! dans l’océan agité. Pas trop difficile de s’y mettre l’eau est à sûrement 30°.
Quelques instants plus tard, nous apercevons deux toubabs du sexe opposé (toubabesse) avançant dans notre direction. Sûrement l’effet de nos corps d’athlètes bronzés J. Elles stoppent à quelques mètres de nous. Alors de bonne grâce nous faisons quelques pas pour les rejoindre, on n’est pas des sauvages.
Elles sont françaises, et tout comme nous, heureuse de retrouver des compatriotes. La première se dénomme Delphine, brunette tressée de 25 ans, originaire de Lyon et expatrié depuis 10 ans en Allemagne. La seconde Emmanuelle, brune au cheveux court, même age, bretonne et aussi expatrié en Allemagne depuis 7 ans. Elles nous avouent avoir sciemment chercher le contact avec nous. J’ai une drôle de pensée, surtout qu’elles sont charmantes. L’explication donnée ensuite nettoiera de suite nos pensées “masculines”.
En effet, depuis DAKAR ou elles sont hébergées, elles voyagent au travers du Sénégal par petite excursion à la journée ou de 2 jours, en utilisant généralement les taxis brousses. Elles ne fuient pas le contact avec les populations locales mais elles sont un peu épuisées de la sollicitation des Sénégalais voyant deux jolies toubabesses seules. Alors elles recherchaient auprès de nous, un peu de tranquillité. J’appelle cela du suggestif avec pour traduction “les Sénégalais nous harcèlent un peu trop, alors de grâce ne nous faites pas le plan drague”. Cela tombe bien nous sommes célibataires et pas du tout intéressés par les femmes !!!
Nous passons un long moment à discuter de notre voyage et de notre appréciation du Sénégal. Nous les questionnons en retour. Il ne nous faut pas longtemps pour être à l’aise en leur compagnie, et pour apprécier leur personnalité. Je crois qu’elles ressentent la même chose car visiblement elles ne souhaitent pas nous quitter. Pensez donc deux hommes exceptionnels comme nous !!!
Nous leur proposons donc de passer la journée ensemble et même de les héberger en tout bien, tout honneur pour la nuit. Cela ne change en rien notre programme, vu que nous pensions glandouiller toute la journée.
Nous passerons une journée super sympa avec des moments de pur délire et des moments de partage intéressants.
– Pour le sérieux le partage d’expériences et de sensations sur les cultures françaises, sénégalaises, allemandes. Les récits de voyage, l’amour, la vie, etc…
– Au rayon des délires, le plan drague au Nutella, la démonstration de nos qualités de cuisinier (Sardines au mais et huile d’olive, bolino, boite d’ananas), le numéro de duettistes chanteurs, la dégustation du haschich marocain et la tentative de faire le thé. Je m’étends un peu sur ce moment de franche rigolade.
Nous avions acheté au Maroc une théière et du thé pour nous faire le thé au matin. Malheureusement, nous n’avons pas eu l’opportunité de s’exercer avant cette journée et donc nous tentons notre première. Les deux belles “garces”, volontiers taquines sur notre cuisine en remettent une couche sur la préparation du thé. Vexés, nous balançons le breuvage et mettons au défi les filles de le faire. Après tout nous avons fait la cuisine, elles peuvent bien faire le thé.
Manu n’en sait pas plus que nous sur la confection du thé et elle décline la proposition, mais Delphine plus “féministe” relève le défi. Elle se garde néanmoins de mettre la main à la pâte et pilote sa copine pour la réalisation.
Manu est une femme un peu plus timide, un peu plus soucieuse. Consciente de la difficulté de la tache, elle suit de bonne grâce les directives de Delphine. Pendant ce temps là Cyril et moi, nous la jouons facile. Nous tenons notre vengeance et les taquineries fusent.
Manu est un peu mortifié. La première gorgée, du premier thé (”amer comme la mort”; qui porte bien son non) est l’occasion d’une franche partie de comédie ! Elle est toute gênée et Delphine enfonce le clou se désolidarisant de son amie (qu’elle avait entièrement dirigé !!!). Touchée par la gentillesse et l’émotivité de la belle bretonne, nous lui attribuons un joker (après déjà d’autres jokers distribués plutôt).
Viens le moment du deuxième thé (”doux comme la vie”), nous y allons de plus belles sur les taquineries. Manu est effondrée, nous lui attribuons un nouveau joker en la rassurant sur le goût “acceptable” du breuvage.
Au troisième thé (”sucrée comme l’amour”), nous féliciterons la belle pour son courage (elle a quand même relevé le défi qu’avait accepté Delphine) et pour le goût désormais honorable de son thé.
La cérémonie du thé en Afrique est une expérience souvent mémorable mais cette cérémonie restera à tout jamais comme un moment inoubliable, tant pour le folklore et les partie de rires, que pour le goût.
Nous deux jolies touristes se découvrent être de très bonne compagnie. Mais le soir tombé, Delphine souhaite respecter l’engagement pris auprès de ces hôtes de DAKAR et donc rentrer ce soir. Manu, elle, semble préférer passer la nuit ici pour voyager de jour. Nous insistons pour qu’elle reste, un peu pour notre plaisir et aussi parce que voyager seul de nuit, surtout pour DAKAR ne semble une idée sure. M’enfin Delphine emporte la mise et nous emmenons nos belles cavalières (tant pis pour elles pas de soirée dansante ce soir, tant pis pour nous surtout!) vers la gare routière de St-Louis.
Arrivé sur le site, notre pressentiment se confirme. Il y a une population nombreuse, pas très “fiable”. Un évangélisateur local nous presse même de donner de l’argent du CHEIKH AMADOU BAMBA (initiateur de l’Islam au Sénégal). Bref l’endroit n’est pas sur et nous ne sommes pas rassurés de laisser les filles ici. Nous insistons encore une fois pour les garder à dormir mais rien n’y fait.
Nous quittons donc nos deux amies avec crainte et regret. Dans la voiture, le silence pèse, Cyril et moi sommes soucieux. Au point que nous décidons de faire demi-tour pour retrouver la trace du taxi qu’elles ont pris et par la même les kidnapper jusqu’au lever du soleil. Nous ne les retrouverons pas Cyril me dit sur un ton interrogato-affirmatif ” tu as craqué sur la petite manu”, je lui réponds elle est charmante et “en main”.
A nouveau sur la presqu’ile de St-Louis nous retrouvons nos amis sénégalais de la veille (plus d’autres), re-séance de salameks nouvelle proposition pour la voiture. Nous sympathisons avec deux jeunes hommes CHEIKH et BAMBA oeuvrant pour une association de quartier, visant à faciliter l’accueil des touristes (accueil chez les familles et prix modiques) et promouvoir la culture sénégalaise (séance de WOLOF, apprentissage de la préparation du thé, etc…) Leur association s’appelle “Les amis du WOLOF”. Ils sont intéressants, vifs, plein de valeurs humaines et se défende de chercher le business à tout prix. Nous décidons de rester un moment en leur compagnie à discuter et à boire des bières à la caserne des pompiers de St-Louis. Sur le départ, nous décidons de chanter la chanson des tuyaux (incendie à Rio de Sacha Distel) aux pompiers de garde. Nos spectateurs ouvrent des yeux ébahis devant ces deux grands toubabs, beuglant de toutes leurs forces. Nous ne chercherons pas à savoir si l’expression sur le visage était de l’admiration ou de l’étonnement. Pendant ce temps Cheik et Bamba sont mort de rire derrière. Nous avons droit aux applaudissements pour nous remercier ou nous dire d’arrêter.
Nous finissons la nuit chez Cheikh et Bamba ou nous découvrons une pièce chargé de proverbes, citations, photos, et un portrait du CHE. Une phrase peinte sur le mur retient notre attention “SI TU CHANGES DE PAYS, CHANGE DE COMPORTEMENT”. L’un deux me fera même une séance de voyance avec des “cauris” (ancienne monnaie africaine).
La soirée sera encore une fois heureuse, et nous nous quitterons tard dans la nuit, avec une invitation à manger pour le lendemain.
Bien entendu cette demi journée supplémentaire, n’était pas prévu au programme, mais la force de persuasion des sénégalais est impressionnante. Pis surtout nous n’avons toujours pas notre assurance et nous comptons en même temps sur nos jeunes débrouillards pour nous trouver un cabinet d’assurance pour le lendemain (un samedi !!!).
Le lendemain matin, grâce au patron de l’hôtel nous avons trouvé un cabinet ouvert. Nous retrouvons sur le chemin nos amis de la veille, prenons notre assurance, et rencontrons un sauvage. Ce dernier complètement saoul, veut se faire passer pour un policier et nous verbaliser pour un feu rouge (éteint !). Il tape sur la voiture, hurle et se sauve prétextant aller chercher son chef. Nous sommes quelque peu rassuré de constater que tous les sénégalais ne sont pas des gens accueillants et qu’il y a là bas aussi, une frange de la population un peu “décalée”.
Chez nos amis nous attends un ti bou dien (poisson et riz) et le thé. Nous faisons une partie d’AWELE (victoire des français). Peu de temps avant le départ, ils sortent leur objet d’art en bois pour tenter de nous placer quelques choses. Je troquerai mes baskets et leur laisserai des clous de girofles. Ils n’insisteront pas trop.
Ce dernier épisode est révélateur de l’état d’esprit sénégalais. Ces gens sont accueillants, intelligents, disponibles mais ils ne perdent jamais de vue que nous sommes des toubabs et que nous avons de l’argent. Ils ont cette relation à l’argent, au commerce vissée au corps. Le dénuement du pays justifie cette attitude et tous heureusement ne sont pas oppressants. Une seule rencontre à ce jour (celle avec Bachir) déroge à ce constat.
Nous quittons là nos deux amis, direction N’Dangane terminus du voyage.