N’Dangane, 15 octobre 2002
La rentrée scolaire officielle au Sénégal était fixée au 7 octobre 2002. Si du côté du village de pêcheurs les enfants ont repris à la date prévue leur place sur les bancs dans leurs grandes classes en matériaux définitifs, les élèves du campement passent leur première semaine à l’extérieur, dans la “cour” de récréation, sous l’œil attentiste de leurs enseignants… privés de salles de classe décentes.
Ici, une semaine après la rentrée, les classes ne sont pas prêtes. Les deux paillotes prévues ne sont que des squelettes, les enseignants attendent encore que les murs soient complétés avec des tiges de mil et que les toits soient couverts avec des feuilles de rôniers. Quelques bureaux et un tableau devraient également être récupérés de ci de là, pour pouvoir accueillir une cinquantaine d’enfants dans chacune des deux classes.
Les enfants sont là, pourtant, fidèles au rendez-vous, comme impatients, heureux semble-t-il de reprendre le chemin de l’école. Une bonne trentaine se défoulent dans un match de foot improvisé avec une boîte de conserve. D’autres jouent dans le sable, courent, crient, chantent… sous un soleil de plomb.
Les deux enseignants sont là eux aussi bien sûr, assis sous le peu d’ombre que procure l’armature d’une paillote, attendant chaque jour depuis une semaine la main d’œuvre chargée de terminer les classes. Fatalistes, un brin désabusés, ils se demandent quand ils seront en mesure de faire la classe. “C’est comme ça ici… Est-ce que ça c’est possible en France ?” me demandent-ils.
Ce matin-là, ils profitent de ma visite pour réunir les enfants et leur faire réviser quelques chants de classe… Les élèves accourent et se prêtent au jeu avec une bonne volonté évidente dont le magnéto témoigne encore ! Bientôt certains se mettent à taper des mains, d’autres à danser…
« Badou, gentil petit diable du jardin d’enfants