Une visite de parrain pas comme les autres

En mars 2003, je me suis rendu pour la première fois au NIGER avec un objectif très particulier : aller rencontrer l’élève qui était mon filleul depuis 1997 dans le cadre d’un parrainage solidaire organisé par l’association Aide et Action. J’ai vécu une semaine incroyable dans ce petit village nigérien (j’étais le premier blanc à séjourner dans le village !), recevant un accueil très exceptionnel de toute la communauté. Rentré en France quelques mois plus tard, je découvrais avec un immense sourire l’article suivant publié par les responsables de l’association à Niamey dans la “lettre aux marraines et parrains du Niger” de juillet 2003.

Goubey, un village de l’arrondissement de Dogondoutchi situé à 23 km de cette ville. Un paisible village de 2826 âmes vivant dans des habitations à architectures locales (des cases et des maisons en banco). Il n’a pas encore son marché et compte comme seuls bâtiments en matériaux définitifs les salles de classes de l’école et une villa construite par un ressortissant devenu actuellement un “babba”, c’est-à-dire en haoussa un “grand”, quelqu’un d’important.

Ce village s’apprête donc à vivre un grand événement. En effet depuis que des enfants du village sont parrainés, ils vont recevoir la visite du premier “batouré”, autrement dit “un blanc” et le troisième depuis la création du village.
Déjà que les photos et autres images reçues dans le cadre du parrainage passaient de mains en mains et émerveillaient toute la communauté, imaginez alors ce que peut représenter la présence physique … ! ! Oui assurément, ce vendredi 21 mars est vraiment un jour spécial pour “les Goubawa”.

Voilà, d’après le courrier envoyé par le parrain lui-même, il sera au Niger et plus spécialement dans le village de Abdourhamane, son filleul après une longue tournée au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso. En guise de programme, la communauté prévoit en plus des échanges avec les collègues du parrain qui est lui-même un enseignant en disponibilité, un grand match de football et des chants et danses locaux; ce qui de l’entendement des organisateurs suffisaient pour remplir une journée de visite.

Mais le jour J surprise et inquiétude ! Oui l’hôte tant attendu est non seulement là mais il insiste pour passer une semaine au village. La communauté de Goubey présente et les membres de l’équipe de Aide et Action Niger sont partagés entre le devoir traditionnel de satisfaire les désirs d’un invité et la crainte de ne pas pouvoir lui assurer les conditions nécessaires. Il faut savoir que Goubey comme la plupart des villages nigériens n’est pas électrifié et n’offre donc pas toutes les commodités afférentes.
De plus on était quand même en mars, c’est à dire le mois le plus chaud de l’année avec des températures qui gravitent autour de 40 ° en milieu de journée. La question de la restauration restait aussi une grande préoccupation. D’où entre autres, la proposition de l’installer dans un hôtel de la ville la plus proche. Il pourra ainsi effectuer autant de visites qu’il le désirait. Mais notre grand voyageur ne l’entendait pas de cette oreille et affirmait qu’il voulait réellement “découvrir la réalité de la vie quotidienne en brousse, les conditions d’enseignement et les interventions de Aide et Action”. Devant une telle détermination nous nous voyons dans l’obligation de repartir sans lui en prévoyant tout de même de repasser le lendemain pour nous assurer qu’il supportait bien ses nouvelles conditions.

Et voilà le programme de la semaine est mis en route entre le village et son invité :
– visite des environs en charrette bovine,
– un tour au marché le plus proche dans un véhicule de transport en commun pas très neuf et où il y a toujours de la place pour un nouveau passager,
– tam-tam à l’école c’est à dire une cérémonie pour laquelle les filles et femmes du village s’endimanchent et dansent au son des tambours et sans oublier les échanges avec les enseignants qui ont été entre autres très intéressés par l’organisation mise en place par l’établissement scolaire du parrain pour acquérir avec la caisse de l’école, certains matériels.

” …merci de m’avoir permis de vivre cette expérience humaine si passionnante et si enrichissante … “ ont été les mots d’au revoir de ce parrain à qui vous êtes sûrement d’accord avec nous, on peut attribuer un certificat de citoyenneté nigérienne pour avoir supporté et même apprécié de telles conditions.»

Aide et Action Niger – Lettre aux marraines et parrains – Juillet 2003