Bignona (Sénégal), 14 juillet 2008
Comment, vous ne connaissez pas Bignona ? Moi non plus, jusqu’à hier soir… C’est en Casamance, la région la plus au sud du Sénégal, “un état dans l’état”, le grenier du pays aussi ! Non, c’était pas prévu !!
A Dakar pendant trois jours et demi, j’ai sauté de maison en maison pour partager des repas, visiter les amis, les amis des amis, la famille, les amis de la famille, la famille des amis; etc. J’ai pris le thé, joué avec les enfants, palabré avec les adultes… J’ai sillonné la ville et la banlieue en taxi, en taxi “clando” ou en minibus. J’ai eu la chance d’assister à une cérémonie rituelle de n’deup – indescriptible ! -, où se rencontrent la tradition et le mystique, la musique, la danse et la transe… J’ai eu encore la chance le lendemain d’assister à une représentation du ballet national du Sénégal (chants, danses et djembés à gogo, par les meilleurs artistes du pays : exceptionnel !!); couplée à une démonstration de la troupe national de théâtre qui jouait des extraits du roman d’Ousmane Sembène, “les bouts de bois de Dieu” (lecture urgente conseillée pour Mathilde et Philou !). Bref, c’était “trope nice” et déjà inoubliable !
Mais c’est vrai, au bout de trois jours et demi de folie furieuse, j’aspirais à un peu de quiétude et de calme… j’ai taillé la zone en direction de N’Dangane, près des eaux paisibles du Siné Saloum.
A N’Dangane pendant trois jours et demi, j’ai retrouvé les amis, la famille, les amis des amis, la famille des amis, les amis de la famille, etc. J’ai retrouvé mon pote Ameth, le cuistot – spécialiste des brochettes de lotte. J’ai retrouvé l’ami Baba, le gentleman tailleur, et la délicate Ousmane ; j’ai fait connaissance avec leur petit Omar (2 mois !)… J’ai retrouvé la famille de Moussa, maman Khady et son café Touba, Rama la grande soeur et tous les mômes qui ont bien poussé. J’ai retrouvé Pape Télécentre, mon professeur de Wolof. J’ai bu une Gazelle au bord du Saloum, j’ai mangé au Tangana d’un malien originaire… de Tombouctou ! J’ai retrouvé Ibou et Jacqueline, les forces vives de l’association Jangalekat à N’Dangane… J’ai aussi rencontré le tranquille Amadou dans son restaurant le Pic Boeuf, et le “grand échalas” Yakhya à Fimela. Tout ça en prenant le thé, en prenant le temps, en marchant dans le sable ou assis sur une chaise… Bref, c’était “trope nice” et déjà inoubliable !
Mais c’est vrai, au bout de trois jours et demi de respiration, de quiétude et d’insouciance… tout cela me paraissait un peu trop “convenu” et j’aspirais à un peu plus de mouvement… et de nouveauté… On ne se refait pas… Alors ?? Alors, j’ai taillé la zone en direction… du sud, vers la Casamance pour suivre (avec 48 heures de retard) les traces de la délicate Ousmane en partance pour le village de sa famille avec le petit Omar. Si un bébé de deux mois est capable de supporter une journée de voyage en taxi-brousse, je devrais en être capable aussi !!
Quel voyage ! J’ai quitté N’Dangane à six heures du matin en minibus. J’ai effectué pas moins de dix étapes, attrapant chaque fois un nouveau véhicule en correspondance pour l’étape suivante, patientant deux minutes ou… deux heures trente avant le prochain départ. J’ai pris des minibus, des taxis individuels, des taxis brousse collectifs, et même une charrette… J’ai traversée la Gambie (le fleuve et le pays qui est enclavé dans le Sénégal). J’ai cru dormir à la frontière, mais le taxi-brousse a finalement réussi à se remplir avant la nuit… je suis arrivé à Bignona vers 20 heures, exténué après 14 heures de trajet. Pourquoi j’aime des journées comme celles-ci, je ne peux pas l’expliquer… mais c’était génial !!
A Bignona depuis 24 heures, je suis comme un coq en pâte dans la famille d’Ousmane qui m’apprend le dialecte poular (la langue des peuls de Guinée) et me fait découvrir la gastronomie locale, les frangins me baladent dans la ville en mobylette, les tontons à pied dans les rues entre les manguiers et les cocotiers. Cette région est incroyable, très différente du Sénégal que je connais, verdoyante, généreuse et surprenante… Demain s’annonce un petit tour dans la capitale de région (Ziguinchor) et mardi en direction des belles plages de Kafountine. J’ai commencé une cure de mangues “cueillies sur l’arbre”… Je suis au paradis…
Mais évidemment, et comme “y’a rien qui dure toujours”… je retaille la zone dans trois jours et demi (le même voyage en sens retour !) direction N’Dangane, Fissel, M’Bour et Dakar, d’où je m’envolerai le 21 en direction du Bénin (via le Mali et le Burkina).
Bien à vous les toubabs. Pour l’anecdote, je me demande si les sénégalais n’ont pas mangé tous les blancs du pays : jusqu’à présent j’en ai aperçu seulement quelques uns à Dakar, j’ai dû en croiser 4 ou 5 à N’Dangane… et barna ! (c’est tout). Par contre, depuis huit jours, j’ai dû serrer la main de plusieurs milliers de sénégalais !!!
Il est toujours aussi agréable d’avoir de tes nouvelles et de te lire Cy-real….
et en plus, ton séjour semble vraiment être ““trope nice” et déjà inoubliable !”
Merci pour ce partage et ce billet bonne-humeur, meur, meur, meur…. !