Mopti, 15 février 2003
L’extrait suivant est tiré de Amkoullel, l’enfant peul, ouvrage autobiographique paru en 1991 dans lequel Amadou Hampâté Bâ raconte son enfance malienne.
Située au confluent du Niger arrivant de Guinée et du Bani arrivant de Côte-d’Ivoire – respectivement appelés le « fleuve blanc » et le « fleuve noir » en raison de la coloration plus ou moins sombre de leurs eaux – Mopti préside à la naissance du grand Niger, qui lance à partir de là un véritable réseau de bras et de canaux dans lesquels il enserre une multitude de mares et de lacs, amorçant la longue courbe qui va donner à toute la région son nom de « Boucle du Niger ».
Ce n’est pas pour rien qu’on a surnommé Mopti « la Venise du Soudan » : toutes ses activités sont plus ou moins liées à la vie du fleuve et au rythme de ses crues. Les Bozos, qui sont les plus anciens occupants du lieu, fabriquent à la main ces longues et merveilleuses pirogues que l’on voit fendre silencieusement les eaux et dont certaines sont capables de transporter des tonnes de marchandises. Peuple de pêcheurs et de chasseurs, ils sont les « maître de l’eau » traditionnels de toute la région.
Dans cette zone de confluence des « eaux noires » et des « eaux blanches », on rencontre des ethnies de diverses origines, des plus claires aux plus sombres. Après les Bozos, les plus anciennes sont les Songhaïs et les Peuls ; les Bambaras et les Dogons n’y sont venus que plus tardivement.
Toute la région de la Boucle du Niger constituait autrefois, dans sa partie ouest, un véritable réservoir des richesses du pays en matière d’agriculture, d’élevage, de pêche et de chasse, sans parler des traditions religieuses et culturelles. L’homme y vivait à l’aise et l’artisanat traditionnel y était particulièrement développé. Le Macina, où les Peuls vinrent se fixer jadis en raison de ma richesse de ses pâturages, est situé au cœur de cette région dont Mopti est l’un des fleurons.