Dakar (Sénégal), 29 décembre 2002
J’écoute le bruit de la mer. Je ralentis enfin. La vitesse empêche d’être soi. Ici les journées ont une durée lisible dans le ciel. Ma vie parisienne n’a pas de ciel. Pondre une accroche, faxer un article, répondre au téléphone, vite, courir de réunion en réunion, déjeuner sur le pouce, vite, vite, se grouiller en scooter pour arriver en retard à un cocktail. Mon existence absurde méritait bien un coup de frein. Se concentrer. Ne faire qu’une seule chose à la fois. Caresser la beauté du silence. Profiter de la lenteur. Entendre le parfum des couleurs. Tous ces trucs que le monde veut vous interdire.(…)
Je cherchais l’apaisement, c’est ici, où il fait trop chaud pour écrire de longues phrases. On peut être en vacances ailleurs que dans le coma. La mer est remplie d’eau. Le ciel bouge sans cesse. Les étoiles filent. Respirer de l’air devrait toujours être une occupation à plein temps. (Frédéric Beigbeder, l’amour dure trois ans – à lire absolument !)
Citation fort à propos s’il en est, pour illustrer à merveille les deux semaines passées avec mon frère Lolo et mon pote Fifi… Des mots dans lesquels je retrouve aussi bien ce que je ressens après les trois premiers mois de mon aventure africaine !
Les deux super brads ont embarqué hier soir, emballés par leur séjour sénégalais, dégoûtés de rentrer au pays après tant de moments de bien-être, ivres de soleil et de plaisir partagé… « Que du bonheur » aurait dit Marcus s’il s’était joint à nous pour cette aventure, mais voilà, comme disait Fifi au moment du départ, « y’a ceux qui disent qu’il vont peut-etre venir, et puis y’a ceux qui ont rien dit et pis qui sont venus ».
Pour tout indice pour découvrir l’invité mystère, Lolo m’avait juste dit : « on va s’éclater ». Cela correspondait au profil de nombre de mes amis, et ce fut pourtant une vraie surprise pour moi de découvrir l’ami Fifi (le garçon primaire le plus spirituel que je connaisse) fouler le sol africain. Le genre de gars qui débite trois cent conneries à la minute, alors on s’est éclaté, vraiment, tous les jours et de bout en bout. De grands moments de franche rigolade, des retrouvailles avec beaucoup de complicité et d’émotion, et puis le bonheur de faire partager mon aventure, de leur faire découvrir « mon » Sénégal, mes paysages, mon environnement et mes amis sénégalais. Tout cela vécu au rythme africain, en se laissant vivre (la sieste bi-quotidienne fut imposée d’entrée de jeu), en profitant des gens, en sirotant des bières, en se laissant bercer par le bruit des vagues, par la beauté des couchers de soleil ou la douceur des nuits étoilées. On a prévu beaucoup de choses qu’on a jamais faites, on a aussi vécu beaucoup de moments improvisés – tellement plus forts. On s’est baigné tous les jours, et chaque fois il y en avait un pour rappeler la date du jour, en prononçant bien distinctement le mot « décembre ». On s’est souvent pincé pour y croire, et même aujourd’hui j’ai du mal à réaliser que Noël est passé et que 2003 commence dans trois jours. C’était bien la première fois que je me faisais bronzer un 25 décembre…
Je pense que Lolo, par son récit et ses 9 pellicules photos, saura retranscrire mieux que moi tout ce qu’on aura partagé au cours de ces deux semaines fabuleuses. Et je suis persuadé qu’il saura donner à d’autres l’envie de suivre le même chemin !
A ce sujet, petit message à tous ceux – et toutes celles – qui rêvent de l’Afrique et hésitent encore à venir partager un petit bout de mon aventure : c’est maintenant qu’il faut venir, pendant que j’y suis, parce qu’aucune agence ne propose un séjour tel que celui que je suis en train de vivre ! Je vous promets dépaysement, évasion, liberté, authenticité… (Je vous rappelle que je reviens au Sénégal 4 mois pleins d’avril à juillet, et que si vous avez l’intention de venir, c’est maintenant qu’il faut y penser). Juste pour vous faire envie, comme ça, une soirée parmi d’autres avec Lolo et Fifi :
Ambiance : un paysage de brousse africaine vers 18 heures. Titine garée au pied d’un baobab, séance photo au meilleur moment de la journée : le soleil décline, embrasant tout de ses chaudes couleurs. Coucher de soleil entre les baobabs et les roniers. Le silence n’est troublé que par le vent dans les buissons et quelques chants d’oiseaux. Soleil couché, festival de couleurs dans le ciel du crépuscule. La couverture est déroulée, parce que le cram-cram, ça pique. Pique-nique : une bonne Gazelle bien fraiche, un petit paquet de Biskrem, une banane, et puis le thé (c’est moi qui m’y colle, je sais presque faire). La nuit tombe, les premières étoiles apparaissent. Couchés par terre, les trois brads guettent les étoiles filantes. La musique d’Ismael Lo et le dernier Live de Noah accompagnent doucement la nuit. Pendant que mes acolytes profitent sans rien trouver à dire d’autre que « c’est énorme » ou « on a bien fait d’acheter ici », je danse au milieu de la brousse. Bientôt la lune apparait, pour clore une chorégraphie parfaite : coucher de soleil, plafond d’étoiles, lever de lune sur les roniers. Amoul dara fi ?! (Y’a rien là ?!)… Merci les brads.
Vous l’avez compris, ici pour moi c’est un peu Noël tous les jours, et le séjour de Lolo et Fifi aura été le plus beau cadeau que je pouvais espérer (avec Le Seigneur des Anneaux et le Live de De Palmas). Tout passe vite, trop vite, 2003 est déjà là ! Tiens, le 31 cela fera exactement 100 jours que j’aurais quitté le Prénat… Encore un mois au Sénégal, juste le temps de bien mettre en place les trucs essentiels pour Jangalekat, et puis en route pour le Mali. J’attends déjà avec grande impatience mon Philou qui doit revenir pour une semaine début février, juste avant mon départ. J’attends aussi tous ceux qui parlent de me rejoindre, au Mali, au Burkina ou au Sénégal aprés avril…
Je vous redonnerai des nouvelles avant mon départ pour Bamako et le pays Dogon. Je profite de ce message pour vous souhaiter TOUT pour cette nouvelle année, du courage pour affronter les moments difficiles, du bonheur et du plaisir dans tout ce que vous faites. J’ai pris du retard dans mon courrier, mais les réponses viendront. Je suis en attente permanente de vos lettres et de vos nouvelles.
Prenez soin de vous. Je vous embrasse.
DEWENATI (bonne année en Wolof)
Legui legui
Cyril, Cy-real, Cyrilou, Cissou, professeur Chicraôte, etc.