Arrivant sur Fès, Cyril me met en garde sur la conduite marocaine en ville. Nous avons déjà eu un aperçu de leur “talent” de pilote et de leur inconscience (eh oui ! Même moi je les trouve dangereux). Dans la ville je m’éclate comme un gosse, finalement ils conduisent comme des parisiens, le klaxon en plus.
Nous nous mettons en quête d’un camping, et au détour d’une rue, un jeune homme nous propose de monter dans la voiture pour nous guider. Nous fuyons lâchement, préférant désormais faire confiance à notre instinct.
Non sans mal, nous trouverons le camping international pour nous installer après quelques infractions au code de la route dont une énorme sous les yeux d’un policier. L’homme nous demande de nous arrêter. J’attaque directement et poliment la conversation, si bien que quelques minutes nous repartons sans amende. Je suis fier de moi (pour l’amende évitée pas l’infraction) et Cyril abasourdi me dit “toi tu vendrais un tapis marocain à un marocain”. Faut dire que nous avons déjà échappé à deux amendes.
Le policier nous indique le camping au 3ème feux tricolores. Effectivement nous trouvons bien le camping au troisièmes feux mais les feux sont espacés d’environ 3 kilomètres
A peine dans la place nous sommes accostés par un anglais travaillant pour une ONG, nous discutons un moment avec lui de notre périple et du sien. Il s’appelle David et nous avons là encore un sacré client; drôle, débitant ses paroles à une vitesse hallucinante, cultivé, ouvert. Encore une belle rencontre, enrichissante. C’est fou comme notre anglais s’est amélioré en trois jours.
Nous quittons rapidement le camping pour une soupe marocaine (hum !!! Une soupe bien chaude par 25°) et un couscous royal au restaurant le Marrakech (excellent et pas cher).
Direction le Cyber, pour donner des nouvelles aux amis et amies. Cyril est comme un dingue à la vue d’un ordinateur, il tape comme un forcené sur son clavier. Sur le ton de la plaisanterie, je lui dis qu’il va lui falloir commencer à se désintoxiquer. Tard dans la nuit nous rentrons au camping. Cette journée exceptionnelle a été longue, très longue (3h30 à 1h30) mais point de fatigue que du bonheur. Nous avons goûté à la beauté et l’accueil du Maroc et nous en voulons encore. J’aime déjà nos différences culturelles, social. Cyril lui savoure son deuxième voyage autrement plus authentique et plus humain.
A 5h30 du matin, nous sommes réveillés par le MUEZZIN qui appelle à la prière. Il est bien relayé par notre comique anglais, David, grave en canne et imitant à merveille le muezzin.
Nous nous rendormons quelques peu avant de lever le camp à 8h30, non sans avoir pioché un peu dans la mascotte du voyage (NUTELLA). Devant le camping nous retrouvons notre guide manchot (réservé la veille) et le “petit taxi” rouge pour une visite de la Médina de FES (plus grande du Maroc paraît-il). Nous débutons par un thé devant la porte Bleue (face avant et Verte en face arrière) et faisons connaissance avec notre guide, vous l’avez deviné ! Mohamed gagné !
Il a la cinquantaine passée, a fait des études supérieures de lettre (option littérature allemande !!!) Il est né et a grandi dans la Médina. Dans la médina (quartier historique), nous arpentons ce dédale de ruelle sombre et un peu crasseuse. Cela grouille de personnes et d’ânes (aucun véhicule à moteur n’est accepté dans la cité).
Nous passons devant les marchands de produits alimentaires et effectuons le premier arrêt chez les tanneurs. Il règne une odeur nauséabonde. Paraît-il que si nous descendions de notre terrasse panoramique pour aller au plus près des bacs de traitement et de teinture, nous tomberions dans les pommes.
J’achète babouches et chapeau de cuir après une âpre négociation (ou je me suis normalement fait un peu rouler).
Nous passons en revue l’artisanat local, les céramiques, les chaudronniers, les graveurs, les tisserands, les brodeurs, les chauffeurs de hammam, les sculpteurs, etc. Notre guide nous explique la notion de quartier par corps de métier.
Nous faisons une halte guidée dans un négoce de tapis. L’homme qui nous reçoit à la classe, c’est un berbère aux yeux vert (j’ai oublié son nom mais peut être Mohamed), il nous explique tout, offre le thé et bien entendu cherche à nous vendre un tapis. Il me sent craquer et j’utilise l’argument de ma séparation et des problèmes financiers pour me sortir de l’embuscade commerciale. De façon surprenante, l’homme est complaisant et m’avoue qu’il est dans la même situation que moi. Nous échangeons à voie basse sur nos situations réciproques et comparons les différences sociales, et administratives de nos deux pays vis à vis du divorce. La discussion dure un moment et Cyril est paisible à nos cotés. En sortant Cyril me confie ses sensations de notre discussion : “on aurait deux dépressifs en pleine séance d’auto-flagellation”. Le divorce au Maroc n’est pas différent du notre (même en fréquence), et l’amour et ses souffrances sont universelles.
Retour dans les ruelles ou nous visitons de l’extérieur l’une des deux grandes mosquées (22 personnes). Elle a 14 portes, tout ouverte, si bien que nous pouvons admirer l’architecture intérieure. La porte principale est splendide, tout en céramique bleue, avec des fontaines et des bassins en mosaïque. Elle est surplombée d’un proche en bois de cèdre sculpté avec minutie et détail. Notre guide enchaîne sur plusieurs MADRASSA (école coranique).
3 heures plus tard, nous sortons de ce labyrinthe, par une autre porte. La tête est remplie une fois de plus de souvenirs, j’ai craqué sur pas mal d’objets, le porte-monnaie est vide. Cyril a été lui au moins raisonnable.
Nous passerons une partie de l’après midi à écrire carte postale et récupérer un peu de sommeil pour finalement lever le camp à 15 heures. Le gérant qui nous avait prévenu que passé 13 heures, il compte deux nuits nous prends 30 € (pas bon marché les campings marocains).
Deux amendes évitées pour infractions au code de la route plus tard (toujours bien en canne avec la police locale), nous prenons la route de MARRAKECH. Arrivée à l’entrée de l’autoroute, nous décidons de prendre encore une fois les chemins de traverses. Mon copilote est un ange, facile à vivre, un peu rêveur ! De très bonne compagnie.
« La traversée du Rif marocain
Un Eden au milieu de nulle part »