Un Eden au milieu de nulle part

Dans les contreforts de l'Atlas
 Dans les contreforts de l’Atlas

La route secondaire que nous empruntons longe le haut Atlas. Elle nous mène à IFRANE la station de ski marocaine !!! Le soleil se couche et nous montons vers la station de ski. D’un paysage rocailleux et aride, mis en valeur par les couleurs du crépuscule, nous passons à des paysages alpins avec forêts de sapins et de feuillus.

En débouchant dans IFRANE nous découvrons un petit MEGEVE local. On y trouve des chalets en pierre et bois, un petit lac avec des cygnes, des bouleaux, noisetier, géranium. La ville est anormalement très propre et les gens sont habillés à l’occidental (costumes, tailleurs, blousons). Sur la place principale des salons de thé et glacier, des bacs à fleurs. Une fois encore nous hallucinons de la diversité des paysages du Maroc.

Après une petite balade à pied et quelques photos, nous prenons la direction d’AZROU. La nuit est tombée et il fait frais (environ 20 °). A la sortie d’AZROU, nous prenons une tangente pour grimper un peu dans la montagne.

Au bord d’un champ, nous stoppons pour déguster un cassoulet dans la froidure des montagnes de l’ATLAS. La nuit est très noire, allongés en phase digestive, nous contemplons le plus beau ciel étoilé des vacances. La voie lactée est parfaitement visible et une douce musique nous berce. Nous resterons un long moment sans parler, dans le silence des montagnes, devant ce spectacle magique. La lune venue, les étoiles perdent de leur intensité et nous reprenons la route direction KENIFRA.

Sur la route nous croisons des attroupements de marocain commentant les élections du jour. Petit arrêt chez Mohamed à SIDI ADIT pour prendre le thé. Cet homme simple, tient un petit café (version marocaine). Dans un français laborieux (le mot est faible), il nous narre une tranche de vie avec un espagnol, un fleuve, un bateau et de l’argent. Profitant de son absence, je demande à Cyril ce qu’il a compris. Il me répond que pour lui un espagnol est venu ici, qu’il n’a pas payé l’addition et qu’ils l’ont jeté dans le fleuve qui passe derrière la maison sur lequel navigue des zodiacs. Je confirme avoir compris la même histoire rocambolesque. Quelques minutes plus tard, nous comprenons enfin qu’il voulait nous expliquer que des marocains donnent de l’argent, pour traverser le fleuve sur des zodiacs. Le fleuve s’appelle en fait la méditerranée et il s’agit de passage clandestin. Nous en rigolons avec discrétion.

Maintenant c’est la première fois que les gens nous regardent ainsi, ils demeurent accueillants mais un peu méfiant. J’attribuerai cela à la rareté des contacts avec des étrangers.

Nous reprenons la route, pour dormir à la belle étoile sous un énorme olivier.

Paysage de l'Atlas sur la route de Beni Mellal
 Paysage de l’Atlas sur la route de Beni Mellal

Au matin de cette fraîche nuit, nous prenons la direction BENI-MELAL. Nous retrouvons des paysages vallonnés fait de roches ocres rouges à jaunes, couverts d’olivier. Parfois un oued apparaît avec ses parcelles cultivées multicolores. En arrière plan les montagnes du haut atlas troublé par les brumes de chaleurs.

Cyril a pris le volant et je dors paisiblement (plié en deux) à ses cotés. Il a pris goût aux tangentes, et au lieu de filer vers MARRAKECH, il roule vers les cascades d’OUZOUD pour un crochet de 300 km environ ! Le paysage de colline est de plus en plus rocailleux et sec. Il fait bien chaud, nous approchons du désert. L’habitat de pierres multicolores est très beau.

La magnifique route vers Ouzoud
 La magnifique route vers Ouzoud

Après 30 km d’une route (presque une piste), nous arrivons dans un village insignifiant dénommé OUZOUD. Seul la présence de nombreux petits hôtels (vu l’endroit) et de panneaux publicitaires annonçant les cascades, trahi le caractère touristique du lieu.

On nous indique la direction des cascades et là !!! Un mirage !!! Un Eden d’eau (bleu-vert) et de verdures, de fleurs, une cascade de 120 mètres de haut puis une multitude de chutes d’eau.

Un guide multiglotte nous propose de faire la visite du site. Nous voilà parti pour 2 heures de balades. Notre guide, SAID, 27 ans, (ça change) connaît bien les lieux, parle très vite, court comme un lapin sur les pentes nous emmenant au lit de la rivière formée par les chutes d’eau. Il est érudit, tant sur les plantes, les arbres, les animaux, les oiseaux, les poissons de la rivière (truite et barbeau, les connaisseurs apprécieront) que l’histoire du site. En chemin nous découvrons une multitude de petit cours d’eau naturel ou dévié irriguant des cultures en escalier (tomates, vignes, fruits, légumes, et marijuana). Petite pause dans une de ces terrasses.

Philou et notre guide, aux cascades d'Ouzoud
 Philou et notre guide, aux cascades d’Ouzoud

En face de nous un panorama sur la cascade, sur le côté la rivière, au-dessus de nos têtes une tonnelle de vignes comestibles couvertes de fruits et sur l’adret une colonie de singes ! (Macaques me semble-t-il et endémique paraît-il ?). Cyril et moi prenons le temps de nous pincer pour vérifier que nous ne rêvons pas.

En remontant vers la cascade principale, nous croisons des cases (café-resto) tenu par des rastafari marocains. Il y a en fait une colonie rasta sur le site qui draine son lot de touristes planants.

Philou aux cascades d'Ouzoud
 Philou aux cascades d’Ouzoud

Nous prenons le Titanic (le France était complet) pour franchir la rivière et se trouver au pied de la grande cascade. Il y a des plongeurs marocains (si si comme Acapulco). Nous prenons notre bain dans une eau fraîche (16°) contrastant avec la chaleur de la journée (un bon 35°).

Il est l’heure de remonter reprendre la voiture, on a un objectif tout de même. Pis avec le pied que l’on prend partout, va nous falloir 4 semaines pour arriver au Sénégal J.

De retour au sommet, de superbe tagines nous mettent l’eau à la bouche. C’est pas raisonnable nous avons encore laché 250 dirhams au guide et il est déjà tard.

…Excellentes ces tagines, les meilleurs du Maroc !!!

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Zap Mama, entendu à Ouzoud
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Arrivé au parking,notre guide speedé tient à nous faire gouté l’alcool de figue (produit clandestinement) et hop petit crochet par chez lui pour goûter le tord-boyau.

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Guide Saïd à Ouzoud
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Finalement de retour sur la piste, nous faisons le débriefing avec Cyril.

Premier constat, on a de la chance d’avoir acheter ici !

Deuxième constat les mots manquent pour décrire l’Eden.

Troisième constat je reviendrai ici avec une fée pour gouter un peu plus longtemps

Dernier constat l’appareil photo APS a disparu (pas pour tout le monde).

Nous ne sommes pas en avance sur notre étape prévue de se terminer à ESSAOUIRA mais Titine est grave en canne et nous avons pris une grosse dose de bonheur et d’énergie dans ce périple imprévu.

En passant par la palmeraie de Marrakech...
 En passant par la palmeraie de Marrakech…

De nouveau sur la nationale Kénifra-Marrakech-Essaouira, nous avons les kilomètres. Le décor est désormais plat et les premières étendues désertiques apparaissent. A Marrakech nous faisons une courte pause pipi (nous aussi les filles !!!) et photographions la première palmeraie. Pour la première fois nous ressentons la grosse chaleur, notre périple montagneux avait aussi pour but de nous acclimater progressivement mais malgré cela “putain qu’il fait chaud”.

Le pied de dedans, nous avons passé Marrakech. Nous nous arrêtons acheté un panier de 5 kilos de raisin (enfin des fruits frais). Le paysage change encore, nous sommes dans le désert de pierre. Des hectares et des hectares de cailloux sans l’ombre ou presque d’un végétal.

En route vers Essaouira...
 En route vers Essaouira…

Le soleil se couche et une fois encore les couleurs sont magnifiques. Les villages sont de plus ne plus espacés et le désœuvrement des gens semble plus important.

Une chose est surprenante, plus nous descendons dans le Sud et plus les voitures sont vieilles, nous sommes dans la région des 404, 504, 505. Le plus drôle est que chaque village a son modèle, le village des 404 puis celui des 504, a nouveau les 404 etc… Cela peut vous paraître con mais moi je trouve cela drôle (cf. histoire de courgette qui pousse).

Soleil couchant sur la route d'Essaouira
 Soleil couchant sur la route d’Essaouira

Quelques 70 km avant Essaouira, nous essuyons notre premier incident technique, une crevaison ! et de nuit en plus. Faut dire que Titine a craché ses poumons sur cette route abrasive. Changement rapide (au moins 3 propositions d’aide en 10 min) et nous reprenons la route et débarquons à Essaouira vers 19h30.

Le camping vite trouvé (a droite en entrant), la tente vite montée (mon Cissou pique une crise de nerf essayant de planter les sardines dans les galets de l’emplacement. Franchement je ne l’avais jamais vu en colère et c’est drôle :D). La douche et le rasage et nous voilà suffisamment beau et en canne pour faire tomber les beautés marocaines.

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