Des relations franco-sénégalaises

Quelques réflexions de l’ami Thom, qui a partagé un bout de mon aventure en novembre 2002. Un voyage de plus, et beaucoup de choses à dire…

Je suis retourné à N’Dangane pendant deux semaines fin octobre 2002. Il s’agissait de mon quatrième séjour. Et une nouvelle fois, cela m’a permis d’apprendre plus en profondeur la vie sénégalaise et le sens de notre projet.

Comme je le disais à mon retour à Pâques, le CLEP existe et il est bien vivant. C’est une première satisfaction de savoir que nous nous engageons autour d’un projet concret. Mais cela ne s’arrête pas là. Nous travaillons maintenant à le faire grandir, pas en taille (!), mais en consistance. Nous sommes peut être en train de dépasser une étape, celles des bons sentiments (à moins que nous ne nous l’ayons jamais eu mais je ne sais si c’est possible !).

Thom avec Zizo, Ameth et les amis de N’Dangane à Chicao

Au gré de mes séjours j’ai rencontré différentes personnes françaises (résidents ou touristes), celles appelées « les toubabs ». Ce nom générique est chargé de représentations et d’archétypes peut-être réducteurs mais pas toujours faux. En vivant avec des sénégalais, on entend parler des toubabs mais petit à petit cela devient les autres. Et c’est pour moi déjà une petite victoire d’extirper nos relations de ces archétypes.

Les relations franco-sénégalaises de vont pas de soi, d’autant plus à N’Dangane où se mêlent touristes, européens résidents et sénégalais vivants du tourisme. Le fossé socioculturel est immense et source de malentendus. Parmi ceux-ci, un m’a sauté au visage cette fois-ci : au Sénégal on fait rentrer tout le monde chez soi comme s’il était un proche, un intime mais en fait le tri se fait ensuite ; en France on choisit les personnes avant de les faire entrer dans notre intimité. Ce malentendu entraîne certains « toubabs » à se croire partout chez eux et leur fait oublier qu’avant toute chose ils sont accueillis.

Nous ne sommes pas chez nous au Sénégal. Et le CLEP n’est pas « notre chose » que nous construisons uniquement selon nos désirs et nos représentations. Mais en contre partie je trouve passionnant de comprendre les différences entre nos vies, nos modes de pensée pour faire avancer un projet « d’aide au développement durable ». Cette notion (à la mode) qualifie bien notre volonté. Ainsi ces derniers temps il nous est apparu comme un principe de base que le CLEP ne devait être animé que par des sénégalais. Notre action se concentre donc sur l’apport de moyens matériels et humains pour l’organisation et la structuration du centre. Mais nous ne sommes pas dupes. Le centre ne peut pas vivre sans l’association et nous ne sommes qu’au départ de l’aventure. Nous avons la chance pour l’instant qu’un membre du CA puisse se rendre à N’Dangane régulièrement. Et la présence de Cyril pour une année permet la mise en place et le soutien du développement du CLEP.

Voici quelques réflexions philosophiques de retours de voyage, il me tarde d’y retourner et je ne suis pas le seul !

Thom, pour le Journalekat n°3 de Janvier 2003