N’Dangane (Sénégal), 6 octobre 2002
Comment vous parler de cette femme qui m’a adopté dès mon arrivée, qui m’a accueilli chaque jour à bras ouverts dans son campement et avec laquelle j’ai passé tant d’heures à N’Dangane ? Commençons par le commencement…
Ce soir-là, le premier soir de mon arrivée à N’Dangane, Philou et moi arrivons de nuit en provenance de St Louis après une bonne journée de route, et comme je ne sais pas du tout où trouver mes contacts de l’association, nous allons directement à la seule adresse que je connais : le campement du Cormoran, où j’avais passé une nuit lors de mon premier voyage au Sénégal. Je me présente à la gérante, nous lui expliquons notre périple ainsi que ma mission pour l’association Jángalekat qu’elle connaît (cette fois, Philou arrête enfin de dire qu’il est là pour bosser lui aussi). Comme nous sommes fatigués, la brave dame commence par nous payer un coup à boire et puis dans la foulée, propose aussi de nous inviter à manger et de nous loger gratos pour la nuit ! (Amoul dara fi, y’a rien là ?!). Nous acceptons sans nous faire prier…
Pour nous débarrasser des importuns qui nous attendent à l’entrée du campement pour nous héberger ou nous proposer je ne sais quel plan, Odile conseille à Philou de se présenter comme son neveu. Dès la nuit suivante, je retrouve mes contacts et j’emménage dans une case tout confort (douche, lavabo et toilettes… mais sans eau courante ni électricité) tandis que comme dans le désert, Philou choisit la solution de luxe en restant loger au Cormoran presque toute sa semaine sénégalaise… et en appelant Odile “tata” !
Jusqu’au départ de Philou, nous sommes passés tous les jours prendre l’apéro au bar de Tata, entonnant à l’occasion quelques classiques de notre répertoire sous l’influence de la bière et/ou du Ricard.
Nous avons aussi bien sympathisé avec les filles de la cuisine qui se mettent à chanter, à taper sur les casseroles ou les calebasses et à danser à la moindre petite occasion, pour le plus grand plaisir des clients… et de Tata !
C’est tout ça le Cormoran, une ambiance joyeuse, conviviale, familiale, qui est la marque de fabrique d’Odile, installée depuis 1995 à N’Dangane avec son mari Christian, que je rencontrerai quelques jours plus tard.
Tata était là avec son mari… mais sans ses enfants. De mon côté, après le départ de Philou, je me retrouvais pour plusieurs mois à 6000 bornes sans ma famille, alors on s’est auto-adoptés. C’est comme ça que je suis devenu le neveu adoptif de Tata et que le Cormoran est devenu ma deuxième maison… Combien de fois ai-je franchi le portillon au cours des mois passés à N’Dangane ? Et combien de fois me suis-je fait payer un coup à boire au bar de Tata ou inviter à manger la bonne cuisine de la maison ??
“Tata Odile” et “Tonton Christian” ont toujours été là pour m’accueillir et me rendre service, j’ai partagé avec eux plein de vrais bons moments et quelques bons fous rires. Deux personnages à part entière, deux fortes personnalités très différentes l’une de l’autre, mais tous deux rigolards et bons vivants, humains et généreux, entiers et sans concessions.
Grâce à eux, j’ai rencontré nombre de personnes sympathiques, sénégalais ou touristes de passage à N’Dangane, à l’occasion d’un verre autour du bar à l’heure de l’apéro ou d’un repas. Dans les plus grandes heures de mon aventure sénégalaise comme dans les moments moins faciles, je savais où trouver de la compagnie, passer un bon moment et me changer les idées…
Chez Tata Odile, c’est encore mieux qu’une auberge espagnole : on y trouve plus que ce qu’on y apporte.
Jogmay Night Club, un soir à N’Dangane »»