C’est l’un des premiers mots qu’on apprend en entrant par la route à la douane sénégalaise. Passavant, kezako ? Plus que le permis de conduire ou que l’assurance, c’est LE papier qu’il faut pouvoir mettre à disposition des gendarmes et des policiers qui fleurissent le long des routes sénégalaises. Et qui commencent à frémir de bonheur dès qu’ils identifient une plaque d’immatriculation étrangère.
Le passavant délivré à la douane est valable dix jours. Il est possible de le faire prolonger à deux reprises de quinze jours, mais il faut se rendre dans un bureau des douanes situé à Dakar… Super pratique quand on vit à 160 kilomètres de la capitale, vive la décentralisation ! Au terme de ces quarante jours, le véhicule doit être sorti du territoire sénégalais ou dédouané pour être « sénégalisé », c’est à dire enregistré et immatriculé au Sénégal.
Tant que le véhicule arbore une plaque étrangère (française le plus souvent), la circulation sur les routes sénégalaises est un véritable chemin de croix. Déjà, parce qu’en débarquant on se laisse un peu surprendre par l’état de la chaussée et le nombre de coups de frein et de coups de volant qu’il faut donner pour éviter les trous et prolonger la durée de vie de son véhicule… Mais surtout, parce que les gendarmes sénégalais raffolent des toubabs fraîchement débarqués d’Europe avec leur voiture. Ce que j’avais déjà pu constater à la douane avec un agent particulièrement corrompu…
En tant que toubab conducteur, j’ai été arrêté plus souvent qu’à mon tour toute l’année, mais particulièrement pendant ces quarante jours de circulation sous passavant. Dès qu’un agent était posté en bord de route en choisissant d’arrêter un véhicule au hasard, c’était pour ma pomme. Passavant, assurance, permis de conduire international, passeport, fort heureusement j’ai toujours circulé en règle et avec tous mes papiers sur moi, ce qui est chaudement conseillé. Parce que les agents sont à l’affût de la moindre petite faille qui va pouvoir justifier une amende – qu’ils vous proposeront de faire sauter moyennant bakchich…
On dit que les policiers sont corrompus
Avec leur salaire misérable
Ils ont fait ce qu’ils ont pu
Ils survivent de façon exécrable
Bakchich et Racketage
Sans oublier les dessous de table…
Ils tirent le diable par la queue ! ! !
Ils tirent le diable par la queue ! ! !..ALPHA BLONDY – La queue du diable