Nous quittons Torremollinos dans la matinée. Direction ALGECIRAS avec pour objectif d’être au Maroc ce soir. Nous empruntons la nationale longeant la cote et croisons des paysages rocailleux et arides fait d’olivier, cactus et d’eucalyptus sur fond de schistes gris.
Au détour d’un virage nous apercevons l’Atlas, premier frisson.
Nous modifions notre programme pour joindre TARIFA, la pointe sud de l’Espagne. Sur la route nous suivons désormais l’Atlas des yeux, tandis qu’en amont nous longeons les champs d’éoliennes. “Vachement” écologique comme énergie, d’abord cela fait beaucoup de bruit, deuxièmement c’est laid, troisièmement concentré de la sorte cela défigure le paysage.
En entrant dans Tarifa, nous découvrons une jolie ville très Andalouse et aussi très typée musulmane. Les plages sont immenses et le vent violent. Nous déjeunons en terrasse sous les palmiers, il fait très chaud malgré le vent. Nous sommes “trop en cannes”. Après la séance quotidienne de SMS et les cartes postales, nous partons pour Algéciras.
Sur le bateau, après une procédure d’embarquement des plus simples, nous sommes envahis d’un sentiment de plénitude. Derrière nous GIBRALTAR, devant nous l’AFRIQUE. L’Atlas se rapproche et après 35 minutes de traversée, nous roulons désormais sur le continent africain.
Nous sommes encore en Europe puisque la ville est partagée entre une partie espagnole (CEUTA) et une partie marocaine (SEBTA). Les formalités du coté espagnol sont inexistantes.
Après 2 jours en Espagne, nous sommes enfin au Maroc. Nous y sommes, l’AFRIQUE, un autre continent. Les deux skinheads à bonne bouille sont heureux, silencieux, les yeux grands ouverts.
Dès la descente du bateau, nous fonçons faire le plein d’essence détaxé et remplir nos jerricanes. Cyril veut quitter de suite CEUTA/SEBTA réputée dangereuse.. Mais avant de lâcher les fauves, il nous faut passer les formalités douanières. Je ne détaillerai pas ces péripéties mais disons que cela nous a coûté un peu d’argent (par ignorance) et de bakchichs. Les autorités marocaines sont tatillonnes mais finalement réglo. Ce n’est pas le moment le plus exaltant mais ce n’est plus les galères évoquées par le passé (Mohamed 6 est passé par-là, et la mafia des fonctionnaires est devenue raisonnable).
Nous décidons de ne pas rejoindre directement RABAT pour faire un crochet par FES. Nous prenons la direction de TETOUAN. Nous sommes de suite dans l’ambiance, de la saleté, du désœuvrement mais des paysages somptueux, des voitures d’un autre age, des chevaux dans les rues, des bergers et des animaux au bord des routes, des poteries multicolores et des maisons blanches couvertes de céramique. Les gens nous font des signes sur le passage de notre discrète voiture. Le soleil qui se couche nous renvoie des couleurs splendides.
Nous nous posons dans un restaurant marocain pour démarrer notre voyage initiatique de la gastronomie marocaine. Nous commandons une bière en terrasse. Elle met bien longtemps à arriver. Au bout d’un moment, nous rappelons le serveur pour notre bière. Il nous fait comprendre qu’il ne serve pas d’alcool en terrasse en nous invite à prendre notre bière à l’intérieur du restaurant caché entre la salle et la cuisine. Passés à table, nous sommes seuls dans la salle, le serveur nous soigne et nous dégustons anchois a l’huile d’olive et ail suivi de tagine de poulet, d’une salade de fruit et de notre premier thé vert à la menthe (excellent !!!). Autre plaisir nous nous en tirons pour 150 dirhams (10 euros) pour un cadre très agréable et une nourriture raffinée (comme le service d’ailleurs).
Grave en cannes, je propose à Cyril d’avancer sur la route de Chefchaouen pour anticiper l’étape de demain. Mon Cissou se repose pendant que j’attaque les routes montagneuses du moyen Atlas. Les couleurs ont disparu mais le ciel très étoilé laisse présagé des décors fabuleux.
Une heure de route plus tard, je décide de m’installer contempler les étoiles. Mon Cissou se réveille et se joint à moi. Il a pris son duvet et à priori l’on va passer un petit moment sous les étoiles. L’ambiance est romantique et son corps brûlant à coté de moi me donne des idées. Le délire n’ira pas plus loin et Cissou replonge en répétant régulièrement “on a bien fait d’acheter ici”.
Je reste un moment à regarder le magnifique ciel étoilé au son des chiens errants aboyants dans la nuit noire (dans la nuit noire et obscure, obscure et sombre …). La lune sort de derrière la montagne pour nous faire coucou. Sympa cette lune sauf qu’elle pollue la visibilité des étoiles. Je m’endors l’esprit rêvant au coté de lui. Nous passerons une partie de la nuit dehors. Cissou reste emmitouflé dans son duvet pendant que je rejoins la voiture.
La traversée du Rif marocain »