Ce matin, départ pour DAKAR, j’ai fait mon bagage et je pars pour saluer tout mon petit monde. Nous commençons par saluer Evelyne et Ahmed. Evelyne me confie une commission de la plus haute importance pour sa banque. Elle me répétera, comme d’habitude 50 fois les choses. Le salut a Ahmed est chaleureux, je n’ai passé qu’une petite semaine avec ce gars mais sa compagnie était fort agréable. Encore un gars bien, tranquille, intelligent et honnête qui restera dans mon cœur. Petit crochet chez Moussa (le rituel) pour récupérer mes vêtements. Il a fait un super boulot. L’au revoir a Soukei aussi sera émouvant. Mon affection pour cette jeune fille perdue est grande. Je lui souhaite que le futur soit meilleur et lui confie mon espoir dans un dénouement heureux de son histoire d’amour.
A l’hôtel, je retrouve Tata Odile. Elle aussi a été importante pendant ce séjour. Cette femme est extraordinaire, elle a un cœur gros comme ça. En lui réclamant ma note de séjour, je constate encore sa qualité. La note est très réduite a sa plus petite mesure.
Je serrerai encore des dizaines de main avant de reprendre le volant. Les papes, Lybas, Mass, tous auront un petit mot gentil pour moi. Je suis ému et vraiment triste de quitter le village.
En voiture nous décidons de ne pas prendre la piste de Joal mais de prendre la N2 (KAOLAK-MBOUR). Mal nous en a pris car la nationale est en travaux . Le goudron disparaît pendant de long kilomètres pour faire place à une piste en latérite défoncée. Le chemin jusque Dakar sera long en ennuyeux, nous essuierons des orages violents et surtout le cœur n’y est pas. En arrivant sur Dakar nous goutons à la pollution et la circulation. Aziz est natif de Dakar et il nous promène dans sa ville.
Nous nous rendons de suite aux bureaux de l’agence de voyage pour retirer mon ticket d’embarquement. Sur le chemin, nous suivons le flot des voitures, taxis et transport en communs.
Arrivant sur un carrefour nous sommes arrêtés par un flic. Ce dernier nous indique que nous avons pris un sens interdit. Il me confisque mon permis de conduire international et dresse une contravention. Nous discutons ferme, arguant de notre ignorance et de l’absence de panneaux. L’homme nous indique la position du panneau de sens interdit. J’insiste, discute mais rien n’y fait. J’oblige alors le policier à me matérialiser le panneau. Il maugréait mais je ne lâche pas, décidé à le faire chier jusqu’au bout. Nous faisons demi tour en sa compagnie pour constater en effet que 800 m avant le carrefour est indiqué “Sens interdit sauf pour riverains, taxi et transport en commun”. J’insiste encore, Aziz s’en mêle. Je précise de suite à Aziz qu’il n’est pas question de Bakchich. L’altercation durera un moment sans que nous réussissions à récupérer mon permis. Ce grand con de flic s’est payé un toubab et il est heureux, je lui explique encore une fois mon point de vue et lui expliquant bien qu’il fait une mauvaise presse à son pays en se comportant de la sorte, lui montre d’autre véhicule particulier empruntant la route. Finalement après avoir vider mon sac je me barre sans permis, m’en fout il faut une semaine et gratuitement pour en refaire un en France. N’empêche que j’ai la haine contre ces abrutis.
Le billet récupéré nous nous rendons dans un marché d’artisan sculpteur (genre grossiste) de Dakar. Dans la place nous sommes harcelés sans arrêt, nous prenons cela avec philosophie mais si c’est usant au bout d’un moment. Malgré cela nous verrons les coulisses, le travail du bois étape par étape. A la sortie du marché nous marchons sur le port pour voir une dernière fois la mer et les pirogues multicolores.
Dans les rues, nous voyons toutes sortes d’artisans travailler. Le savoir faire des sénégalais est impressionnant. Les bourelliers, menuisiers, sculpteurs, couturiers, maroquiniers, etc, s’exécutent sur les trottoirs devant leur boutique. Le travail se fait entièrement à la main et il est très rare de voir une machine mais le résultat est impressionnant.
Nous abandonnons Aziz sur son ancien lieu de travail (une carrosserie) avec ses potes et nous rendons dans un cyber pour les dernières nouvelles du Sénégal.
En début de soirée, nous partons dans la banlieue de Dakar pour rejoindre la famille d’Aziz et passer la nuit. Deux heures de bouchons et de pollutions plus tard nous arrivons chez ses cousins. Nous sommes encore une fois accueillis comme des princes. Nous discutons longuement avec les cousins. Les discussions sont sérieuses car nos interlocuteurs en ont “dans la courge” et les nombreux pétards qui tournent n’altèrent pas leur propos. A l’heure du repas, il nous serve un ti bou dien en insistant pour que nous finissions le plat. Bon an mal an, nous y arrivons.
Le répit est de courte durée Aziz qui nous avait abandonné, revient pour notre deuxième repas chez sa maman. Bon on nous a fait le coup du double repas en Mauritanie mais là encore nous n’avons rien vu venir. Oh un ti bou dien !!! Nous réussissons à repousser une partie de notre portion vers les autres convives et échappons de peu à l’implosion.
Retour chez les cousins pour manger les mangues et fumer un peu. Le maitre des lieux nous offre sa chambre pour ma dernière nuit sénégalaise. Nous aurons droit à un orage tropical toute la nuit rendant la nuit fraiche et bruyante.
Au petit matin, une bonne heure de bouchon plus tard, nous débarquons à l’aéroport. La fin est proche, le climat est lourd et le cœur est triste. Nous prenons un petit déjeuner ensemble. Je donne le change à mon Cissou mais au fond de moi je ne suis pas “en cannes”. C’est la première fois depuis 3 semaines que je ne me sens pas bien. Mon quotidien abandonné en France me revient à l’esprit. Cyril m’a écrit un petit mot avec pour obligation d’être dans l’avion pour le lire.
Je n’éternise pas trop les séparations, pas très utile. 4 grosses bises à Cyril et Aziz et je suis dans la salle d’embarquement. Deux heures plus tard, dans l’avion presque vide, je décolle, laissant une partie de moi dans ce pays. J’ai cette sensation bizarre en moi d’un condamné à qui on a laissé quelques jours de bonheur avant de l’emmener à l’échafaud. Je sais la comparaison un peu violente mais il y a tempête sous mon crâne.
A l’arrivé à Paris, la première fausse note du voyage. Mon bagage n’est pas arrivé a destination, égaré qu’il me dise avec souvenirs et photos du voyage. Heureusement 10 jours plus tard, il sera retrouvé.
Une aventure extraordinaire (épilogue) »