N’Dangane, 14 octobre 2002
Trente petites paires d’yeux me dévisagent alors que j’entre dans la salle du jardin d’enfants… Un regard attire mon attention. Alors que tous les mômes s’étonnent de l’irruption de ce grand “toubab” dans leur univers, Alioune Badara, dit “Badou”, rit, et s’amuse de ma présence. A deux ans et demi, il est l’un des plus jeunes mais aussi l’un des plus téméraires. Il est encore le premier à venir me tendre la main pour me saluer, avec l’un de ces petits sourires espiègles dont il a le secret.
Badou me parle aussi, tente de répéter en me dévisageant les mots que je prononce dans une langue – le français – qui n’est pas encore la sienne. Son père est d’origine wolof, sa mère est sérère : double culture et double langage dont il profite déjà chez lui. Alors, s’approprier déjà les premières chansons françaises du jardin d’enfants ne lui pose pas vraiment de problèmes !
Je me suis attaché à ce gamin dès ma première rencontre avec lui. Que de curiosité dans ce regard, que de joie dans son sourire, que de vie dans ce petit bout d’homme craquant ! Petit Badou deviendra grand…
Une rentrée scolaire, dans une école de brousse »»