Dakar (Colobane), 25 octobre 2002
Tous les matins y’a un type faut absolument trouver qui c’est… qui sur les coups de… pfff, six heures, joue de la trompette – ou du saxophone, je sais pas ce que c’est comme instrument ! –, et ça réveille tout le monde. En plus il joue pratiquement toujours la même chose c’est irritant, faut faire quelque chose… Ah c’est du clairon ? C’est possible. Je ne suis pas très mélomane. Il le fait exprès ?? Mais… il est fou ce type ! (Pierre Palmade, le colonel)
Contraint de rester quelques jours sur Dakar, Amath m’a gentiment proposé de dormir chez lui, à Colobane, dans la maison de sa tante Aïda. C’est un appartement assez bien équipé, avec deux chambres et un grand salon relativement confortable dans lequel vivent, suivant les jours – et les nuits – entre cinq et dix personnes… Aïda et sa nièce Fatou dorment dans la grande chambre ; Amath, Laye (le fils aîné d’Aïda), Ida et Assou (deux amis d’Amath hébergés temporairement depuis des mois) s’entassent dans la petite sur un lit et deux matelas. Parfois, l’un d’eux va passer la nuit sur la petite terrasse, avec une simple petite couverture.
Je n’ai pas eu à dormir sur la terrasse, ni à m’entasser dans la petite chambre : Amath m’a tout simplement installé un matelas en plein milieu du grand salon. J’ai passé une excellente nuit… jusqu’aux environs de six heures du matin. A ce moment-là, par les fenêtres grandes ouvertes en raison de la chaleur de ce mois d’octobre, j’ai entendu un individu se mettre à brailler, à chanter, en tout cas à faire un barouf à réveiller tout le monde. C’était d’ailleurs le but de la manœuvre ! J’ai fini par comprendre que cela venait des hauts-parleurs de la petite mosquée située… juste de l’autre côté de la rue.
Le muezzin a recommencé un quart d’heure après pour signifier qu’il était l’heure de « Fadiar », la prière de l’aurore, la première des cinq prières musulmanes de la journée. La maisonnée à commencer à s’agiter autour de moi, certains ont prié dans le couloir, sur la terrasse ou dans le salon… pendant que j’essayais de me rendormir.
J’ai souvent dormi chez Amath, à chacune de mes incursions sur Dakar en fait, et à chaque fois sur ce même matelas au milieu du salon. A chaque fois aussi, le chant matinal lancinant du muezzin est venu me sortir de mes rêves…