N’Dangane (Sénégal), 29 mai 2003
On devrait apprendre la patience dans un pays étranger, car c’est là la vraie mesure du voyage. Si l’on ne souffre pas de la frustration de ses habitudes, comment peut-on être certain que l’on est vraiment en train de voyager ? (Gertrude Diamant)
[Avertissement : la tonalité de ce mail risque de trancher singulièrement avec ceux plein d’excitation, d’enthousiasme et de sérénité des premiers mois. Au bout de huit mois d’aventures africaines. le mal du pays me gagne et je suis en mal d’échanges, j’ai la nostalgie des gens !]
« Les gens se révèlent dans la durée » m’écrivait récemment mon cousin. le sens de mon aventure aussi il me semble. Ivre d’Afrique, j’ai vécu tous les premiers mois aussi intensément que possible, assailli quotidiennement par des émotions nouvelles et variées, sans prendre le temps d’analyser. Aujourd’hui, l’essentiel du voyage est accompli et j’ai pour la première fois l’occasion de jeter un regard sur ce que j’ai vécu. Les deux semaines passées avec ma cousine Bulle, riches d’échanges et de réflexions, m’auront permis de mettre en mots mes impressions sur 8 mois d’Afrique.
De visites en rencontres, de surprises en découvertes, d’expériences associatives en projets d’aide au développement, j’essaie de faire le tri, de relier entre eux tous ces moments de mon année africaine. Je suis aujourd’hui moins dans l’extase et dans la contemplation, et plus dans la réflexion et la distanciation. J’essaie d’aborder les choses de manière moins affective, plus objective. Je suis moins dans le rêve, et plus en prise avec la réalité de cette Afrique. J’ai notamment laissé quelques-une de mes illusions sur les relations toubabo-sénégalaises à N’Dangane. Beaucoup de contacts – très rarement désintéressés, pour finalement trop peu d’échanges. Malgré l’électricité qui vinet d’arriver, les lumières restent rares en brousse…
Est-ce que j’ai envie de rentrer ? Hé ben, même pas. L’heure du retour sonnera bien assez tôt, il ne reste que deux petits mois et puis d’abord j’ai pas fini mes devoirs et j’ai encore quelques vrais bons trucs à vivre ici !
Il me reste quelques semaines pour prolonger l’action de Jangalekat et boucler mes dossiers. En huit mois de terrain, confrontant quotidiennement le projet de l’asso à la réalité sénégalaise, comparant cette expérience aux projets découverts au Burkina et au Niger, j’ai beaucoup appris. Je vis une expérience passionnante qui m’enrichit en élargissant mon horizon personnel et mes envies d’action, et il est assez peu probable que mon investissement en Afrique s’arrête à la fin du voyage !
Mais comme il serait déraisonnable de passer les deux derniers mois à bosser, j’ai aussi quelques distractions au programme. Tenez par exemple, demain soir je m’offre un match de basket Sénégal-Mali en éliminatoires de la coupe d’Afrique. Samedi prochain, je vais voir « Les lions de la Teranga » au Grand Stade de Dakar, où les footballeurs sénégalais affrontent leurs voisins de Gambie. Ambiance folie assurée. Je dois aller rencontrer les responsables d’Aide et Action Sénégal, la même organisation que celle qui m’a accueilli au Niger. J’ai des envies culturelles, de théâtre et de concert comme celui d’Ismael Lo auquel j’ai eu la chance d’assister avec ma cousine Bulle et Tata Odile il y a 10 jours. J’ai bien envie aussi de me repayer un petit tour de manège africain, en effectuant un aller-retour en train de Dakar à Tamba pour aller voir mon copain Ahmet. D’ici la fin juin, Tonton Christian aura fini la piscine du Cormoran. Début juillet, Jangalekat envoie des renforts et ma mission se terminera le 24 avec l’arrivée de Lolo, Philou et de leurs invités-mystère, pour partager les deux semaines précédant le retour. ambiance folie assurée aussi !
Bien à vous les toubabs, vous savez que vous me manquez ?
Y’a rien là ? !
C’est tout pour aujourd’hui
@+
Cy-real