Dakar (Sénégal), 20 juin 2003
Parce que Renaud avait su magnifiquement rendre hommage à la bagnole de son pote Dédé, voici l’inspiration qui m’est venue en ce jour funeste à Dakar où j’ai dû remettre les clés de ma Titine après avoir finalisé la vente du véhicule…
Elle avait les roues arquées un peu comme j’ai les jambes
Sur l’ toit et sur l’ capot l’avait les deux bandes blanches
Le volant en faux bois les banquettes en vrai Skaï
Le klaxon qui jouait le pont d’ la rivière Kwaï
Dédé l’avait fait r’peindre en bleu métallisé
Y disait qu’ça lui rapp’lait l’ ciel de son pays
On a jamais bien su où c’est qu’il était né
Vu qu’il était menteur comme tous ceux de sa race
Dans la tire à Dédé, j’en ai fait des virées
Quand j’y repense aujourd’hui
Sur ma mob, je m’ennuie… (Renaud)
LA TITINE A CY-REAL
(à chanter sur l’air de “La tire à Dédé” de Renaud)
(1) Elle avait les roues taguées aux couleurs de l’Afrique
Comme toute la carrosserie parce que j’trouvais ça chic
Je voulais une charrette pour passer le désert
Un truc qui tienne la route et puis qui pète sa mère
Le soir du grand départ Titine était parée
Et mon Philou comme moi complètement excité
On était grave en cannes, on a taillé la zone
A nous les terres d’Afrique et bye bye l’hexagone
Ma Titine adorée
J’avais bien fait d’l’acheter
Quand j’y r’pense aujourd’hui
Qu’est-ce qu’elle était jolie…
(2) Sur les routes marocaines ou au milieu des sables
Titine a assuré de façon remarquable
L’a avalé les bornes, les dunes et les cailloux
Et même au Sénégal elle a mangé… les trous
Quand on s’est retrouvé elle et moi tous les deux
Je m’souviens qu’elle m’a dit en m’fixant dans les yeux
« Je veux qu’on continue comme quand y’avait Philou
Je veux que tu m’emmènes avec toi et partout ! »
Ma Titine adorée
Qu’est ce qu’on a bringuebalé
Quand je marche aujourd’hui
Dans la brousse, je m’ennuie…
(3) Je revois nos balades au milieu des rôniers
A rouler sans m’presser sur les pistes ensablées
Je m’souviens d’la lagune, du vol des pélicans
Et des « toubab cadeau !» criés par les enfants
Souvent on s’est perdu mais alors quel bonheur
De ne croiser aucun panneau indicateur
Au gré de ses humeurs je me laissais guider
Jusqu’à m’faire secouer sur la tôle ondulée
Ma Titine adorée
Qu’est-ce qu’on s’est éclaté
Quand j’y r’pense aujourd’hui
Je rêve et je souris…
(4) Bon je dois avouer pour être vraiment honnête
Qu’elle m’a occasionné aussi des prises de tête
De batterie en courroie, d’joint en électro-vanne
Elle m’a fait un peu trop souvent le coup d’la panne
Je n’ai guère plus goûté le zèle des policiers
Qui n’m’arrêtaient que quand il m’manquait un papier
Y’a plus enthousiasmant quand on est en Afrique
Qu’une heure chez l’mécano, ou qu’un contrôle de flics…
Ma Titine adorée
Parfois tu m’as fait chier
Quand j’y r’pense aujourd’hui
J’regrette qu’ça soit fini…
(5) Je savais dès l’départ qu’on devrait s’séparer
Que je l’abandonnerais au moment de rentrer
Parce qu’il fallait que j’paie mon billet de retour
Et pis qu’dans mes bagages ç’eût été un peu lourd
Par contre y’avait kekchose que j’avais pas prévu
C’est en laissant les clés d’avoir le coeur fendu
Plus d’voiture plus d’amie plus d’Titine c’est fini
J’avais plus qu’à marcher ou héler un taxi…
Ma Titine adorée
Tu m’as tant fait rêver
Quand je prends aujourd’hui
Le taxi-brousse, je m’languis…
(6) Pauv’ Titine aujourd’hui, l’est quelque part dans Dakar
Trimbale sûr’ment du pain conduite par un grand noir
Qui doit la faire rouler jour et nuit à toute heure
Au milieu des taxis et des « s’en-fout-la-mort »
Je t’imagine Titine dans cette ville de dingues
Toi qu’aimais tant la brousse te voilà dans la jungle
Mais je veux que tu saches même si t’es qu’un bout d’tôle
Que c’est la première fois que j’m’éprends d’une bagnôle…
Ma Titine adorée
Qu’est-ce que j’t’aurais aimée
Quand j’y pense aujourd’hui
Moi j’ai ta nostalgie…
AMOUL DARA FI ?!
@+
Cy-real