Essaouira, 25 avril 2009
Le réveil est un peu plus matinal que d’habitude : Essaouira nous attend. Après un petit déjeuner anticipé, nous retrouvons le loueur de voiture qui a mené notre véhicule à quelques pas du riad. Le temps de le déposer après qu’il nous a mis sur la bonne route, nous voilà partis pour Essaouira. Le temps de nous faire arrêter (une quinzaine de kilomètres), nous voilà sur le bas côté…
“Excès de vitesse”, m’informe le gros gendarme, les lunettes de surveillance sous le bras. “Au cours du dépassement, vous rouliez à 70 km/h au lieu de 60. Cela veut dire une amende de 400 dirhams. Soit vous payez, soit je garde le permis de conduire. Est-ce que vous allez payer ?” Pour gagner du temps et tenter de l’amadouer, je lui demande de repréciser l’infraction commise… Il recommence puis demande si je vais payer les 400 dirhams (40 euros). Je ne sais pas si c’est du lard ou du cochon (enfin… dans ce pays, ça ne doit être ni l’un ni l’autre !) Je crois qu’il cherche juste à m’intimider (ça marche bien !), mais je ne vois pas la sortie alternative. Ou plutôt si : je finis par lui tendre les 400 dirhams, qu’il prend en disant “je vous apporte le reçu”. Je me souvenais de la bienveillance des flics marocains à l’égard des touristes (Philou et moi avions échappé à deux amendes), apparemment les temps ont changé ! 400 dirhams pour un excès de vitesse de 10 km/h au cours d’un banal dépassement sur ligne droite, c’est cher payé (un bon avertissement aurait largement suffi), moi qui n’ait jamais perdu un point sur mon permis en France, je suis très très agacé !!
Bref ! La route sera bien longue jusqu’à Essaouira (174 km depuis Marrakech) : parce que la vitesse est très souvent limitée à 60 voire 40 (et même à 20 sur les nombreux secteurs en travaux…), et surtout parce que je roule désormais systématiquement 10 km/h en dessous de la limitation ! Nous croiserons en tout une bonne dizaine de points de contrôle, heureusement sans nous faire arrêter de nouveau.
Sur la route, les nuages se dissipent en même temps que ma colère… c’est le soleil qui nous accueille à l’entrée d’Essaouira. Il n’est pas le seul : en bord de route, à côté des nombreux immeubles neufs, plusieurs jeunes nous font signe en agitant un petit trousseau de clés, au cas où nous chercherions une location !
Nous nous garons sur le parking à côté du port, en double file, sur les conseils d’un jeune chargé d’organiser le stationnement avec la consigne “ni vitesse ni frein à main…”. Avant d’attaquer la visite, nous commandons un thé à la menthe au café de France.
De la ville rouge (Marrakech), nous voici dans la ville blanche ! Nous partons à l’aventure dans les rues de la Médina, un peu au hasard… pour nous retrouver dans le Mellah (quartier juif), qui tombe littéralement en ruines et est apparemment assez peu recommandable. Nous regagnons vite le secteur des souks. Karine remarque une tendance assez baba cool de certains habitants… il faut dire que Jimi Hendrix a pas mal fréquenté le lieu. Aujourd’hui encore il est assez fréquent pour un touriste de se voir proposer du chichon (trois fois pour moi ce jour-là).
Après un agréable resto marocain sur une terrasse surplombant la ville (encore une pastilla pour Karine, un excellent tagine aux boulettes de sardines pour moi), nous rejoignons les remparts par la rue de la Sqala, où se sont installés les artisans de la spécialité locale : la marquetterie. Nous dérangeons quelques instants un marqueteur à l’œuvre sur une immense table ronde, sur laquelle il affirmera avoir travaillé depuis huit mois…
Les canons et les tours sont toujours là : c’est ma troisième visite ici… C’est la seule ville que j’aurai visité à chacun de mes séjours marocains. (Je n’oublie d’ailleurs pas d’envoyer comme de coutume une carte à l’ami Pierrot !)
En trois visites, c’est pourtant la première fois que je m’aventure dans la sqala du port après avoir franchi la porte de la Marine. Au sommet de la muraille, la ville nous apparait dans toute sa lumière sous un soleil éclatant. Les vagues battent les rochers dans un décor très breton, les mouettes jouent avec les courants d’air ascensionnels. Côté port, quelques gamins se jettent à l’eau au milieu des barques bleues, tandis que les pêcheurs trient leurs filets.
Mais nous abandonnons la ville, parce qu’il faut reprendre la route (le retour sera encore plus long que l’aller, avec pour finir test de conduite nocturne dans Marrakech un samedi soir !…). Je jette un dernier oeil sur Essaouira, une mouette semble passer à ce moment-là pour dire au revoir !
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