Dakar, 9 novembre 2002
Je me retrouve pour la première fois en pays musulman pendant le Ramadan, et c’est assez fascinant… Bon, cela ne change pas grand-chose pour moi (je ne me suis pas encore converti !), mais je découvre chaque jour un peu plus l’immense ferveur religieuse qui anime les sénégalais.
Se faire réveiller en sursaut à 5 heures du matin par l’appel à la prière du muezzin depuis la mosquée de Colobane, c’est… pas très marrant.
En revanche, être témoin quotidiennement de la prière de musulmans qui récitent le Coran à haute voix (partout, cinq fois par jour), c’est très fort.
Entendre la radio et la télévision nationale diffuser en boucle des chants mourides, c’est surprenant.
Assister à l’accueil d’un marabout de retour de voyage par un chœur de Baye Fall (disciples) rassemblés pour lui à la sortie de l’aéroport, c’est plutôt inattendu et coquace.
S’endormir bercé par les voix masculines d’une chorale mouride à Parcelles, c’est étrange et envoutant…
Croiser à Dakar un défilé de plusieurs milliers de Mourides chantant à pleine voix pour célébrer le centenaire du retour d’exil du prophète, c’est terriblement impressionnant.
Assister à la prière du vendredi dans les rues de Dakar, lorsque tous les véhicules s’immobilisent et que les automobilistes se joignent aux piétons pour une immense communion collective de quelques minutes, c’est énorme… (On m’a même demandé une fois de sortir d’un cybercafé le temps de la prière.)
Surprenante Afrique, magique et mystique.
Enfin, je prends tous les avantages du Ramadan sans les inconvénients ! Je me joins aux familles qui rompent le jeûne chaque soir au coucher du soleil (dattes, café au lait, tartines et bissap… puis thiep bou dien après la prière) et je compte bien participer à la grande fête de la Korité qui célèbre la fin du Ramadan, début décembre…
J’ai déjà été invité à me joindre au clan Touré de Pikine (banlieue populaire de Dakar), famille d’adoption des membres de Jangalekat, où j’ai reçu un accueil formidable la semaine dernière avec Thom, mon acolyte de l’asso de passage. Il est plus que probable que je serai le seul toubab au milieu de 30 ou 40 personnes, ça risque d’être assez fabuleux. D’ailleurs, je suis chaque fois un peu plus épaté par la prévenance et l’attention dont je bénéficie dans chaque famille où je suis accueilli, en ville comme dans les villages de brousse…