Lundi 23 septembre 2002, Saint Jean de Touslas-Gandia
On partira, de nuit, l’heure où l’on doute
Pour que demain revienne encore
Loin des villes soumises on suivra l’autoroute,
Ensuite on perdra tous les nords…
(Jean-Jacques Goldman)
L’étape : St Jean de Touslas (France) – Gandia (Espagne)
Départ du Prénat (St Jean de Touslas) à 0h20 avec “Shine on you Crazy Diamond” des Pink Floyd, sous l’œil mi-amusé mi-inquiet inquiet du clan Boiron… Au compteur de Titine : 201739 km.
Autoroutes A7-A9, pause à Collioure pour voir la mer by night, passage de la frontière juste avant de se poser au petit matin à Llancia pour un gros dodo sur la plage. Petit dej’ à Llancia, puis autoroute de Valencia jusqu’à Cullera et Gandia.
Nuit au camping L’alqueria de Gandia.
Kilomètres du jour : 1149. Depuis le départ : 1149.
Les SMS du jour
Cy-real & Philou, 4h51 : “Narbonne. On est grave en cannes !”.
Cy-real & Philou, 7h31 : “On est en Espagne. No hay nada aqui ?”.
Lolo, 17h14 : “Ça roule les brads ? Dondé estavos ? Lorenzo”
Cy-real & Philou, 17h28 : “Estamos a 60 km de Valencia e el expresso esta todavia in cannas ! Felipe & Cyrilo”.
Lolo, 19h30 (sur le forum) : “J’ai eu Cy-real au téléphone, ils étaient tous 2 euphoriques (sans doute l’ivresse du voyage) et ils cherchaient un terrain de camping pour la nuit (à Gandia, entre Valencia et Alicante).”
L’image
Le lever de soleil sur la plage de Llancia – A l’excitation du départ succède au petit matin celle de rejoindre le bord de mer en traversant Collioure alors que la nuit est encore bien noire. A l’approche de l’Espagne, je suis impatient de franchir ma première frontière. Le soleil se lève alors que nous passons devant le poste de garde déserté (vive l’Europe) puis nous traversons Rosa, notre premier village espagnol. Salut la France, e viva Espana ! Cette fois le voyage a vraiment commencé, nous pouvons nous offrir une grosse pause dodo sur la plage de Llancia, quelques kilomètres plus loin. Face à nous, le ciel, le soleil et la mer…
Le détour
Collioure – Philou a quitté l’autoroute pour rejoindre la route de Port-Vendres, itinéraire des vacances de sa jeunesse. Il est près de 6 heures du matin lorsque nous entrons dans Collioure encore endormie, nous nous arrêtons près de la Tour sur le port, avec l’idée de trouver un café ouvert. En désespoir de cause, nous allons nous dégourdir les pattes sur la plage où les galets jouent avec les vagues, en nous offrant la première occasion de tester le magnéto, et le premier souvenir sonore du voyage !
La rencontre
Philou… et Titine – Le projet de partir un an en Afrique en commençant par le Sénégal était né dans mon esprit au début de l’année 2002. Mais prendre l’avion n’avait rien d’original, et puis je craignais de changer trop radicalement d’univers avant de m’installer pour plusieurs mois au pays de la Teranga. Quelques récits de périples autos entre France et Sénégal achevaient de me convaincre : je partirai en voiture, à condition de trouver une voiture… et un copilote !
Au début de l’été, je trouvais ce dernier en la personne de mon ami Philou (ex “La Ruine”, en cours de rénovation !) “Serein contemplatif, ténébreux bucolique”, avide d’expérience, de voyage et d’évasion, son enthousiasme, sa curiosité et son sens du contact en font à n’en pas douter un compagnon idéal.
Quant à Titine, je la débusque chez mon garagiste habituel : une bonne vieille Renault Express Diesel en assez bon état, 201000 km, année 1991, pour 8000 francs (1220 euros), soigneusement préparé pour le désert par mon garagiste (plaque de protection du carter, interrupteur ventilo, nettoyage minutieux des circuits et des filtres). Soucieux du moindre détail et peu rassuré par mon incompétence pour tout ce touche à la mécanique, mon paternel s’acharne jusqu’au départ à tout revérifier pour nous éviter la moindre panne. Il constitue même sur son stock personnel une véritable caisse à outils pour parer à tout incident (matériel que j’imagine destiné à Philou, puisque même avec la panoplie complète du parfait petit mécanicien, je doute d’être capable de réparer quoi que ce soit). Enfin, tel “Géo Trouvetou”, il transforme Titine en une véritable Limousine avec des équipements à faire baver James Bond lui-même : autoradio cassette et allume-cigare pour le baladeur mp3, couvre-sièges en billes de bois (assez kitsch mais très appréciés), petite étagère de rangement et le fin du fin, de la moquette à l’arrière !
La veille du départ, j’avais confie la déco extérieure de Titine à des amis sénégalais armés de bombes de peintures aux couleurs locales : vert, jaune, rouge… Pour passer inaperçu, c’est raté, mais le résultat est assez terrible !!
La p’tite histoire
On lâche du lest – J’avais acheté juste avant de partir le plus petit duvet du monde. Mais de bon matin, le vent a emporté à jamais le sac qui me permettait justement de le faire tout petit… Première perte du séjour au bout de quelques heures, on n’est pas rendus ! Sans la vigilance de Philou, premier réveillé, mon blouson aurait suivi le même chemin.
Quelques heures plus tard, dans la fraîcheur de la soirée espagnole, alors que nous roulons dans Gandia en voiture, Philou tend généreusement son sweat par la fenêtre à une jeune fille frigorifiée à l’arrière d’une mobylette conduite par une de ses amies… Muchas gracias et hasta luego, la voilà qui l’attrape en souriant, l’enfile et disparaît dans la nuit noire alors que nous tournons en direction au camping. Sacré Philou, qui a déjà prévu de ne ramener au terme de ce voyage aucune des affaires de son sac !
L’œil de Philou
“Papa Marcel affairé sur la voiture (qui est trop belle), Cissou devant son micro, l’impatience de partir (dire qu’on a failli rester pour le match de Feyzin !!!), nos boules à zéro… Et puis le départ, la musique à fond dans la voiture, la prise de température avec le “petit à sa maman”, les SMS d’accompagnement, le lever du soleil en Espagne et la côte d’Emeraude aux premières lueurs… et le “buffet libre” de Llancia (en short et tee shirt dans le resto !!!)”
Et dans le magnéto…
- Les vagues de Collioure qui jouent avec les galets !