N’Dangane > Bassoul > N’Dangane, vendredi 23 juillet 2010
Inquiet de notre manque de liquidités à deux jours de notre départ de N’Dangane, j’appelle Western Union dès 6h du matin. Les enfoirés ont besoin que je leur envoie par mail un justificatif de domicile pour pouvoir valider le virement !… Dans la foulée j’appelle – et donc je réveille – Karine (heureusement à la maison, en France, avec tous les justificatifs), qui fait le nécessaire. Il est 6h23 et Bichetteka est réveillée (ah bon, c’est de ma faute ?). Je me recouche un peu rassuré.
Deux heures plus tard, après le café touba, je fais un crochet par l’agence Western Union, mais le transfert n’est pas encore effectif. Nous rejoignons l’embarcadère, où nous retrouvons Amara et Ousmane (notre piroguier du jour) qui accompagneront notre excursion à Bassoul. Ameth est à la bourre, nous lui mettons une petite pression par téléphone… Nous quittons N’Dangane vers 9h30, avec une petite heure de retard.
À la dernière minute, un passager inattendu embarque avec nous au départ de N’Dangane : c’est Picasso, un peintre sénégalais, qui trempe plus souvent son nez dans l’alcool que son pinceau dans la peinture. Il a l’air plutôt sobre de bon matin, et je ne suis pas fâché qu’il ne m’adresse pas la parole. La pirogue ralentit à l’approche de Mar Lodj, où l’artiste réussit à descendre en sautant sur le ponton sans tomber. J’immortalise la prouesse d’un joli cliché.
La pirogue repart de plus belle, et il n’y a rien à faire à bord à part se la couler douce en profitant des paysages du Saloum… (ou alors on peut aussi supplier Ameth pour obtenir un massage de pieds).
Nous débarquons à Bassoul vers 12h15, et le débarcadère est désert… Nous finissons par croiser un autochtone qui nous indique les locaux de la Communauté Rurale.
Compte-rendu de notre visite à Bassoul
2h40 de pirogue au départ de N’Dangane pour rejoindre Bassoul (tarif pour la journée 35.000 CFA). Contacts téléphoniques avec Babacar Sène (ex-Président de la Communauté Rurale) pour la prise de rendez-vous, qui ne sera pas présent mais nous renvoie sur Babou.
Après quelques errances dans le village, c’est Babou qui nous retrouve dans les locaux de la communauté rurale où la jangaboutique est installée. Ce n’est pas un p’tit jeune gars du village comme nous le pensions ! La boutique est impeccablement rangée, les stocks restants bien étiquetés sont parfaitement alignés et classés. Il écourte les salutations pour entrer tout de suite dans le vif du sujet et nous remettre immédiatement l’inventaire et le livret d’épargne.
Babou est un proche de l’ancien Babacar Sène (ils étaient à l’école ensemble), et est très critique par rapport au nouveau PCR qui saurait à peine lire, écrire, et parler français (“il n’a même pas fait les bancs !”…). Nous avons récupéré son téléphone, mais cela nous a un peu freiné pour l’appeler ! De plus, il semble parfois mélanger “vie privée et vie professionnelle”… (Babou ne détaillera pas).
Les contacts avec le nouveau PCR restent donc difficiles, autant dire que le remboursement de la “dette” de la coop sera bien difficile à obtenir.
La jangacoop est sollicitée par les élèves venus de 6 écoles (2 à Bassoul, et 1 dans 4 autres villages) et du collège de Bassoul. La demande est de plus en plus forte, et Babou pense que la boutique a les moyens d’augmenter l’offre… il pense pouvoir écouler l’équivalent de 1000 euros de nouveau matériel !
L’essentiel de l’activité a lieu en octobre, juste après la rentrée des classes, après que les enseignants ont remis les “listes de fournitures aux élèves”. A cette occasion Babou sollicite l’aide d’une ancienne élève, et de son fils pour organiser un “service d’ordre” avec tickets numérotés !
Le reste de l’année, il ouvre la boutique à heures fixes et précise qu’en dehors des horaires, il refuse d’ouvrir (message “en dehors de ces heures, ne pas insister” à l’entrée) sinon il serait sollicité en permanence.
Un sacré personnage, ce Babou : ex-navigateur, membre du PS, très impliqué dans les questions d’éducation (il vient de participer à des rencontres nationales à Dakar), il se demande si Jangalekat pourrait soutenir la construction d’une nouvelle classe pour la deuxième école élémentaire du village… La première a été construite grâce à la contribution des villageois.
Il y a beaucoup à faire à Bassoul, où l’on mesure l’isolement, l’enclavement et le dénuement d’un village des îles du Saloum qui vit à l’écart du tourisme…
L’album photos de Bassoul
Nous clôturons ce sympathique échange avec Babou vers 14h. Il n’y a aucune possibilité de restauration sur place… Amara et Ameth se font un peu attendre, ils nous rejoignent avec un pauvre paquet de gâteaux secs qui sera notre repas de midi, vive le régime ! Comme ce n’est pas terrible pour se baigner non plus, nous remontons dans la pirogue.
Le retour sera tout aussi long que l’aller, mais un peu plus mouvementé. Ameth s’est installé à l’avant de la pirogue pour préparer le thé. Le vent se lève, le Saloum s’agite et la pirogue tangue, tangue… jusqu’à l’impact avec “the wave” ! Une déferlante qui remplit notre embarcation, éclabousse tout sur son passage, trempe les passagers, mouille les sacs et les chaussures, emporte avec elle le réchaud et la théière. Jugé responsable du déséquilibre de la pirogue, Ameth est puni et rappelé au fond par Ousmane.
Un peu plus loin, notre piroguier coupe d’un coup l’accélération du moteur et se lève pour regarder loin devant… Mais oui, ce sont des dauphins, mes premiers dauphins du Saloum ! Ils doivent être une petite dizaine et improvisent un ballet… exceptionnel.
C’est très beau et très magique, mais en attendant, j’aimerais bien être à l’agence Western Union de N’Dangane avant 17 heures pour pouvoir retirer mes CFA. 16h30 à Mar Lodj, 17h05 à l’embarcadère, je remercie Ousmane et je file en courant. Ouf, l’agence n’est pas fermée, et le khalis est disponible ! Je sors de l’agence avec exactement 229.585 CFA.
En sortant, je remarque que le Pic-Boeuf est à nouveau ouvert, nous passons saluer Amadou et présenter nos condoléances.
Puis nous rejoignons “notre” plage pour un long moment de détente / débriefing. Après la douche et un rinçage nécessaire des vêtements du jour à l’eau claire, nous revenons au Pic-Boeuf pour savourer une Gazelle et un Yassa Poulet trop nerna !
Je rentre me coucher vers 22h, pendant que Bichetteka rejoint Ameth et Khacim au N’Dangane Café.