De Dakar à Saint Louis

La journée : lundi 23 juillet 2001

Baignade au lac Rose
 Baignade au lac Rose

Départ matinal de Dakar à 9h30 ; première escale au lac Rose (lac Retba) : village des ramasseurs de sel, bords du lac puis petite baignade-flottage ! Douche puis gargote à proximité. Arrêt suivant en remontant la grande côte à M’Boro sur mer : tour du village, rencontre sur la plage avec les petits pêcheurs ; moment de détente et bonne baignade. Passage à M’boro-ville en remontant sur St Louis à travers de somptueux paysages africains. Arrivée nocturne à St Louis, installation à l’hôtel “l’Oasis” sur la langue de Barbarie, coincé entre le fleuve Sénégal et l’océan. Resto à St Louis, retour à l’hôtel et gros dodo.

Un chiffre

Notre minibus
 Notre minibus

5 – C’est le nombre de contrôles de police subis au cours de la matinée au départ de Dakar. Les douaniers-gendarmes sénégalais semblent faire du zèle, puisque nous sommes systématiquement arrêtés. «Ça, c’est l’effet toubab !» nous explique Loïc… Contrôle des papiers, des portes (Sérigne s’empresse d’ouvrir la porte arrière en tirant sur son bout de ficelle pour ne pas montrer que le minibus ne peut pas s’ouvrir de l’extérieur !), du bon fonctionnement des feux et même des essuie-glaces ! Tout cela se termine par un petit billet et nous reprenons notre route… jusqu’au coup de sifflet suivant.

A voir / à faire

Femmes au bord du Lac Rose
 Femmes au bord du Lac Rose

Le lac Rose (lac Retba) – Très célèbre pour être le lieu d’arrivée du rallye Paris-Dakar, c’est un endroit véritablement surprenant. En janvier dernier, je me souviens de l’interview d’un concurrent moto qui expliquait très ému qu’il avait attendu ce moment depuis quinze ans : arriver sur les bords du lac Rose sur sa moto… Notre arrivée en minibus est moins romantique, mais le charme agit de la même manière.

Il y a les nombreux tas de sel sur les bords, chacun étant surmonté par un dérisoire petit panneau sur lequel figurent les initiales du propriétaire ! Un système de gestion d’un autre temps, mais qui fonctionne à merveille : les africains en auraient des choses à nous apprendre sur le civisme et le sens de la collectivité… Pas très loin, constitué de quelques cases rudimentaires, il y a le village des récolteurs. Les “ouvriers” du lac s’emploient à gratter le sel du fond, à l’acheminer par bateaux puis par les femmes vident les seaux pour former ces gros tas de cristal gris qui blanchiront en séchant.

Lac Rose, les tas de sel
 Lac Rose, les tas de sel

Mais il y surtout le lac, rose, vraiment rose ! Certes, il n’a pas la teinte malabar comme le montrent certaines cartes postales truquées, mais sa couleur n’est pas une légende. Il faut dire que nous bénéficions de conditions climatiques particulièrement favorables comme nous l’explique le guide : soleil “ardent” et petit vent pour agiter les algues responsables de la coloration.

lac-rose-barque
 Barque sur le Lac Rose

Le cadre est splendide, une baignade s’impose ! (cf. le souvenir sourire “Comme Obélix !”…)

Arbre de la Broussarde
 Arbre de la Broussarde

Images d’Afrique – Notre première grande journée de route est l’occasion de découvrir les premiers véritables paysages africains, à travers les grandes plaines sénégalaises, zones semi-désertiques clairsemées de buissons et de grands arbres. Un petit arbre planté tout seul au milieu de rien retient mon attention… Les oasis entourés de palmiers et quelques espaces de verdure viennent rappeler que la saison des pluies a débuté et que l’essentiel de l’année, le dénuement est encore plus total. Quelques villages africains traditionnels, en cases de paille et de bois, complètent le tableau.
Les routes sénégalaises valent aussi le détour car si le réseau principal est en général assez bien entretenu, il faut voir l’état des routes secondaires… Souvent, ce n’est qu’une étroite bande goudronnée pleine de trous, élargie de part et d’autres par un bas-côté sablonneux, assez bosselé également : lorsque deux véhicules se croisent, l’un doit rouler sur l’accotement. On roule d’ailleurs plus souvent sur les bords que sur la route tellement celle-ci est défoncée ! Sur ce circuit accidenté, Hassan nous démontrera tout au long du séjour ses qualités de pilote.

M’ Boro sur mer – La sérénité et la tranquillité se dégagent de ce petit village de pêcheurs de la Grande Côte. Au milieu des petites cases pleines de charme se déroulent sous nos yeux d’authentiques scènes de la vie africaine : une maman prépare à manger, une autre court après son bébé qui s’enfuit à courtes enjambées… Sur un banc, un vieillard regarde les autres s’activer. Du village nos gagnons la plage, immense et splendide, parsemée d’un nombre incroyable de filets et de superbes pirogues bariolées.

Souvenirs-sourires…
Comme Obélix ! – Vous vous souvenez de la baignade d’Obélix dans la mer Morte, dans l’album “L’odyssée d’Astérix” ? Mais si, on le voyait prendre son élan pour finalement rebondir sur l’eau à cause de la trop forte concentration de sel…

Obélix et la mer Morte
 Obélix et la mer Morte
Baignade dans le lac Rose
 Baignade dans le lac Rose

Et bien, on a fait exactement pareil. Le lac Rose est même une fois et demi plus salé que la mer Morte : le corps peut s’y enfoncer (on ne marche pas sur l’eau quand même !), mais on ne peut pas se noyer tant la résistance est forte. On y fait la planche sans aucun effort ! Plus difficile en revanche de faire la brasse, il est impossible d’immerger les jambes, ce qui pose quelques problèmes pour avancer… Après dix minutes de franche rigolade – dans une eau à trente degrés minimum ! -, nous allons bien nous rincer pour éviter de craquer de tous les côtés. Nous avons alors une pensée inquiète pour tous les “pêcheurs” de sel qui passent leur journée dans cette eau “corrosive”. Mais le guide nous rassure : pour se protéger des attaques du sel, ils s’enduisent au préalable le corps de beurre de karité.

Mômes à M'Boro
 Mômes à M’Boro

Un kleenex pour un sourire – Pascal, Nanie et moi traversons paisiblement M’Boro sur mer au milieu des habitations, bientôt suivis par quelques gamins qui s’amusent de notre présence. Une petite fille n’a pas manqué de remarquer un petit paquet de kleenex coincé sur mon sac à dos… Lorsque je le décroche, ils sont une bonne dizaine à tendre la main ! Heureusement nous ne sommes pas à court, et Pascal sort un paquet à son tour. Les mômes ont un sourire large comme une banane lorsque je les prends en photo avec leur petit mouchoir, je n’aurais jamais pensé pouvoir susciter autant de joie avec si peu. On peut trouver cela triste ou dérisoire, qu’un simple kleenex suffise à faire le bonheur d’un gamin… Je vois pour ma part dans la spontanéité de leur réaction une formidable leçon d’humilité pour tous les sales gosses pourris gâtés de France et de Navarre !

Règlements de comptes sur la plage – Au bout de trois jours, le groupe est déjà bien soudé : tout le monde est dans l’esprit “africain” du séjour, chacun a trouvé sa place, les affinités se révèlent et il y moins de retenue dans les rapports. Profitant d’un vrai moment de détente dans la journée sur la plage de M’Boro, l’espiègle Marion menace de mettre mes chaussures à l’eau, puis met son projet à exécution avec l’aide de Clervie… Retour de manivelle immédiat, Pascal m’aide à mettre l’une et l’autre à l’eau toutes habillées ! Pour se venger, elles vont jeter mes vêtements dans les vagues avant de les poser sur le sable… Je jette l’éponge. L’ambiance générale est bon enfant, il devrait y avoir d’autres occasions de s’amuser… et pour moi de prendre ma revanche !

Une ambiance
M’Boro, petit paradis – L’arrivée d’un groupe de toubabs ne déclenche aucune émotion particulière à M’Boro. Notre arrivée ne trouble en rien les habitants qui poursuivent leurs activités sans se soucier de nous, sans manifester la moindre hostilité à notre égard. Quelques sourires et quelques saluts sont même échangés (l’éternel “ça va bien ?”), les gamins nous suivent d’un regard coquin et éclatent de rire en nous disant bonjour ! Quelle bouffée de bonheur, quel bien-être, qui pourrait rester insensible à tous ces sourires qui nous accueillent ?

Bouilles de mômes
Babacar et les petits pêcheurs – Nos petits jeux de plage se déroulent sous les regards curieux et amusés des quelques petits pêcheurs. Ils sont armés d’une simple ligne, d’un hameçon et d’un flotteur en liège ; en guise d’appât, ils utilisent des petits crabes (“daï-aï” m’expliquent-ils) et se montrent d’une efficacité redoutable ! Ils posent lorsque je les prends en photo avec le produit de leur pêche, l’un d’eux attrapant le poisson entre ses dents…

Petit Babacar...
 Petit Babacar…

Le plus petit des mômes ne doit pas avoir plus de quatre ans. L’oeil malicieux, il est tout fier de me montrer le poisson pêché par ses aînés. Il vient bientôt s’accrocher à ma main, sans oser lever les yeux vers le grand toubab que je dois représenter pour lui… Et puis prenant de l’assurance, il montre ma casquette du doigt. Je la pose sur sa petite tête noire, ce qui le fige sur place : il n’ose plus ni sourire, ni bouger, ni l’enlever, c’est adorable ! Je lui ajuste un peu pour lui dégager la vue, elle est un peu grande pour lui ; il sourit du bout des lèvres en regardant le sable… Lorsqu’il s’approche pour me la rendre, je lui fais comprendre qu’elle est vraiment à lui maintenant, et le petit capitaine s’éloigne pour rejoindre fièrement ses compagnons. Je l’aurais pourtant bien mis dans ma valise pour le ramener au pays celui-là !

Et au menu :

Thé traditionnel et noix de coco – Nous déjeunons à proximité du lac Rose, dans une gargote qui nous accueille par une parole de l’ex-président Senghor à destination des voyageurs. Le menu est classique (yassa poulet, mangues et bananes) mais apprécié ; quelques musiciens nous accompagnent avec des chants et des instruments locaux.

Mais le grand moment se situe en fin de repas avec le thé qui nous est offert et servi dans la plus pure tradition, en trois verres : “le premier, amer comme la mort ; le deuxième, doux comme la vie ; le troisième, sucré comme l’amour…” Les deux derniers permettent heureusement d’effacer l’horrible amertume effective du premier !

Plus tard dans l’après-midi, nous innovons encore en achetant quelques noix de coco en traversant M’Boro-ville. Mais je ne retrouve ni dans le lait ni dans la pulpe le petit goût de paradis du Bounty…

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