Aujourd’hui sortie pêche en pirogue, dans les méandres du fleuve avec Aziz, Cyril, notre dragon Evelyne, 2 piroguiers et moi-même. Il fait très beau et nous sommes grave en cannes.
Nous faisons un petit trajet en longeant la mangrove, il y a une multitude d’oiseaux qui s’envolent sur notre passage.
Sur le premier spot nous faisons une bonne pêche : carpes rouges, noires, blanches, grises, bars mouchetés, thiops (mérou), lottes, une petite raie, une belle carangue (4 kg). Cyril quant à lui est bredouille (sauf une huître, oui! oui! Il a pêché une huître). Nous passons en revu d’autre spots et finissons au milieu du fleuve. Cyril dépucelle alors son hameçon et sort 3 carpes grises de suite. Nous autres sommes bredouilles pendant ce temps là.
Nous nous arrêtons sur une petite plage ombragée, pour une séance de grillade de notre pêche. Nos piroguiers préparent les poissons en filet, et après un bain dans l’huile de palme, les passent au feu de bois. Y’a pas à dire c’est bon le poisson dans ces conditions !!!
Mais il est déjà l’heure de rentrer car en fin d’après midi il y a la finale du tournoi de foot local entre les piroguiers et les antiquaires. Nous sommes un peu crédule mais ne voulons pas rater cet événement énorme (le mot est faible vous verrez !!!).
Le grand match sur les tanns
Effectivement à 17 heures pétantes nous sommes sur le stade de foot (en fait la plage ou ont été tracées les lignes du terrain et plantés les buts). Nous croyons halluciner en arrivant. Il y a là environ 500 personnes, une sono, le drapeau du Sénégal.
Les équipes s’échauffent, les supporters aussi. Nous assistons à une présentation des équipes et l’hymne national. Le protocole est énorme et parfaitement réglé, les maillots et short flambants neufs.
Dès le début du match il y a une ambiance de feu nous sommes assis sur le banc des antiquaires. J’emprunte le magnétophone de Cyril pour commenter le match. Les supportrices ont sorti les Djembé et tout le monde chante.
Sur le terrain les joueurs s’en donnent à cœur joie. Ils sont physiques les bougres et les contacts sont rugueux. Certains jouent pieds nus, d’autre en sandalettes, d’autre en crampons. L’arbitre lui aussi fait son show et joue du sifflet (comme les flics sénégalais pour situer l’action !), il décoche des cartons jaunes à tout bout de champ. Il est tellement répressif que je pense qu’il était flic ou gendarme.
Au premier but des piroguiers la moitié du public se lève en hurlant et l’heureux buteur fait le tour d’honneur en criant. Il faudra environ 5 minutes avant de reprendre le match. Pendant ce temps nos oreilles se reposent sur le banc des antiquaires.
Quelques minutes plus tard les antiquaires égalisent. Le même rituel reprend sauf que là nous sommes du coté des buteurs. Pfou !!! Quelle folie !!!. Le magnéto témoignera mieux que des mots.
MI-TEMPS
En deuxième mi-temps un antiquaire est expulsé pour un deuxième carton jaune. Il faudra quelques minutes et bon nombre de personnes pour le calmer. J’ai été réellement impressionné par les yeux noirs de ce gars qui démontrait bien l’importance et la pression de l’événement.
Les piroguiers marqueront deux nouveaux buts scellant une victoire méritée. L’ambiance est retombée mais les discussions techniques sur l’analyse du match prennent le relais.
Nous quittons là le stade pour retourner à l’hôtel, pour le débriefing quotidien. Tata est “en canne” avec ses clients. Nous mettons le feu au bar avec nos chansons tandis que dehors les piroguiers défilent en chantant dans la rue avec la coupe de la victoire. Quand je vous disais ÉNORME !!!
Nous chantons La pêche à la ligne aux deux clients pécheurs de Tata Odile. Ils sont eux aussi hallucinés et finissent par nous lâcher un sourire et des félicitations. Encore une belle victoire pour les deux sénégaulois à tête rasée, ils ont réussi à décoincer un peu les pêcheurs.
Mais l’ambiance monte et nous nous décidons d’aller chanter dans les cuisines pour les employés de Tata. Rapidement elles se mettent à taper sur les casseroles, nous sommes chauds comme la braise. Sur l’invitation de leur patronne, elles nous rejoignent au bar pour chanter une mélodie sénégalaise (là encore le magnéto témoignera).
L’heure passe et les Ricards s’enchaînent, Tata sort ses cassettes audio et nous en remettons une couche. Dans son coin Aziz s’amuse et entonne même “Rédemption Song” de Bob Marley. Nous sommes en communion avec nos amis.
Il est tard lorsque nous partons chez Evelyne. Petit crochet chez Moussa le tailleur pour les vêtements. J’en profite pour négocier à l’arrache; avec la maman de Soukei, l’autorisation de l’emmener danser ce soir pour ma dernière soirée discothèque à Ndangane. Elle accepte sans me donner l’impression d’être convaincu par mes propos. Le cœur léger et la conscience en fête d’avoir fait ma bonne action, nous arrivons vers 11 h00 chez Evelyne. Ce coup pas un mot plus haut que l’autre, elle s’est habituée à nos retards. Ahmed toujours aussi sympa et disponible a cuisiné les poissons restant de la pêche. Nous ne traînons pas à table car ce soir nous allons “bouger nos corps” en boite. En repassant chez Moussa pour récupérer Soukei, nous constatons que tout le monde est couché. Je suis triste pour Aziz mais le gentil garçon me lâche un de ces “c’est pas grave quoi!” dont il a le secret qui me réconforte.
Arrivé en boite, nous retrouvons Binda et Agassi, toujours aussi allumeuse. Quelques pétards et bière plus tard, je danse “presque” comme un sénégalais. En tout cas les inhibitions ont disparu. Je resterai sur la piste avec Aziz jusqu’à la fermeture de la boite. A 4h30 nous rentrons au couchage, je suis vidé et un peu mélancolique. La fin du séjour approche et le blues s’empare de moi.