N’Dangane, 21 octobre 2002
Le vieux Mansour sommeillait dans sa case à l’entrée du campement de la Palangrotte, dont il était le gardien attitré. Il s’est levé pour m’accueillir, le campement était désert. Au premier abord, j’ai été surpris par son bégaiement lourd, sa difficulté à enchaîner trois mots et à terminer ses phrases. Mais j’ai été touché par sa disponibilité, sa simplicité, sa gentillesse.
Lorsque nous nous sommes revus quelques jours plus tard, il a commencé à me parler de lui, enfant du village, descendant direct de la famille Sambou qui a fondé N’Dangane. Il m’a proposé de me faire découvrir le village traditionnel, rencontrer les notables et les anciens… Il m’a fallu longtemps pour comprendre ce qu’il essayait de m’expliquer entre deux bégaiements. Je suis finalement passé à côté de cette visite, qui n’aurait sans doute pas été dénuée d’intérêt…
Je n’ai pas beaucoup revu Mansour par la suite. Après plusieurs crises de palu qui l’avaient bien affaibli à son âge, il n’était plus en mesure d’assurer la garde du campement. Il restera comme l’un des rares anciens avec lequel j’aurais eu l’occasion d’échanger à N’Dangane. Un sage, respectable et précieux…
En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle… (Amadou Hampâté Ba)
« Roméo et Juliette (adaptation sénégalaise)
Ils mettent les djembés au monde »»