N’Dangane, 9 octobre 2002
Rassemblement des forces en présence : la grande foule s’est massée autour du terrain délimité sur les tanns, à quelques mètres des rives du Saloum. Deux cents personnes sont venues assister à l’événement local : la finale du championnat du village qui va opposer les piroguiers aux antiquaires.
Une vieille sono saturée au maximum diffuse quelques morceaux de M’balakh pendant que les joueurs s’échauffent.
L’arbitre rassemble les joueurs. Silence avant la bataille. L’hymne national est repris a capella par tout le monde, joueurs, supporters, tous debout. Émotion.
(Pincez tous vos coras, frappez vos balafons
Le lion rouge a rugi. Le dompteur de la brousse d’un bond
s’est…) … élancé, dissipant les ténèbres
Soleil sur nos terreurs, soleil sur notre espoir
Debout frères car voici l’Afrique rassemblée
Fibres de mon coeur vert épaule contre épaule
Mes plus que frères. O Sénégalais, debout !
Unissons la mer et les sources, unissons
La steppe et la forêt. Salut Afrique mère…
(Hymne créé par Léopold Sedar Senghor – texte complet)
Les supporters de chaque camp chauffent leurs troupes. Avantage aux antiquaires… Soukeye mène le chœur. A ses côtés, quelques mômes vont rythmer les débats au son d’un djembé ou d’une boîte de conserve. Ici c’est la joie qui domine, comme si le match n’était qu’un prétexte. Cris d’enthousiasme, chants, rires.
Sur le terrain l’engagement physique est total, coupe du monde en jeu ! Les piroguiers marquent les premiers. Les antiquaires égalisent dans une ambiance indescriptible. Seuls les gardiens ne sont pas vraiment à la fête…
Deuxième mi-temps, et deuxième but pour les piroguiers. Puis troisième. Expulsion du côté des antiquaires : la coupe ne sera pas pour eux. Coup de sifflet final, terrain envahi, supporters des deux camps en liesse – et qu’importe la défaite ! La fête ne fait que commencer.