Saly Portudal, 23 octobre 2002
Je voulais voir Saly, pour ne pas mourir idiot. Je voulais savoir quel était ce drôle d’endroit dont parlent certains toubabs qui disent avoir visité le Sénégal après un séjour à Saly… Un séjour qu’ils passent pour l’essentiel entre la piscine et la plage de leur hôtel-club, agrémenté d’une sortie – périlleuse – au marché artisanal, d’une ou deux excursions inconfortables sur les pistes en camion 4×4 “promène-couillons”, histoire de voir dans quelles abominables conditions vivent ces pauvres sénégalais, si c’est pas malheureux ma bonne dame, et puis vous avez vu comme c’est sale…
— Moi aussi je connais le Sénégal, je suis allé en vacances à Saly…
— Ah, non, on vous aura mal renseigné : Saly, ce n’est pas au Sénégal !
La blague est facile, mais pas si loin de la vérité : Saly n’a rien d’une ville africaine. Vaste complexe touristique et commercial de la petite côte sénégalaise, il s’agit plutôt d’un gigantesque village-vacances, véritable “Toubabland” dans lequel tout est organisé pour les touristes – les toubabs, c’est à dire les blancs – venus essentiellement de France, de Belgique ou d’Allemagne. Tout pour ceux qui souhaitent voyager et profiter de la douceur de la vie sous les tropiques, sans avoir à sacrifier leur petit confort quotidien.
Des résidences tout confort avec piscine et animations quotidiennes dignes des Bronzés, des plages précautionneusement nettoyées et bordées de cocotiers plantés pour embellir le décor, des commerces en veux-tu en voilà, des distractions (planche à voile, scooter des mers, baptêmes de l’air en hélicoptères… Il y a même un golf !), des restaurants avec de la bonne vieille cuisine européenne, des discothèques…
Mais il faut savoir ce qui se cache derrière ces faux-semblants paradisiaques… Tout ce que j’abhorre à Saly !
Il y a la culture ségrégationniste et néo-colonialiste des résidences hôtelières, qui interdisent l’accès aux plages aux petits commerçants “bana-bana” sénégalais et vont jusqu’à refuser d’accueillir des clients noirs dans leur établissement pour préserver leur image de marque auprès de leurs clients blancs… Il y a l’irresponsabilité arrogante des tour-opérateurs, principaux artisans et bénéficiaires d’un tourisme de masse certes générateur de devises mais destructeur et si peu humain, à mille lieues d’un tourisme responsable, intégré, solidaire… Il y a aussi cette promiscuité indécente entre le ghetto touristique que représente Saly, et tous ces autochtones qui errent dans la ville en coursant les toubabs, petits mendiants, jeunes prêts à se prostituer et autres vendeurs ambulants…
Bref, Saly n’est pas ma tasse de thé. Tout est à refaire là-bas… Je n’y trouve aucune des raisons pour lesquelles j’aime l’Afrique.
L’Afrique ne veut point pour amants des délicats ou des douillets ; il y faut le mépris des biens terrestres et l’amour de la vie primitive, et le dégoût de tout l’artificiel d’une vie trop compliquée… (Théodore Monod)
Il y a quand même une chose que j’ai apprécié à Saly : le repas partagé dans sa maison avec mon copain Yves, webmaster du site SalySénégal.net, un belge de 50 ans rencontré sur Internet quelques mois plus tôt à l’occasion d’un échange de liens par rapports à nos sites respectifs. Vrai amoureux du Sénégal, Yves est propriétaire d’une maison à Saly depuis plusieurs années, et il est sans doute le plus à même de vous en parler…
Saly, c’est un peu St Tropez des années 50. Le tourisme va gagner la bataille de l’authenticité africaine mais, au sein même de la station où à quelques kilomètres, vous rencontrerez des gens magnifiques, des paysages fabuleux, l’Afrique ! Saly est un point de départ, de retour d’excursions, de découvertes. Avec son confort, ses animations et distractions touristiques, Saly rencontrera l’attente de 95 % des touristes : vacances et découvertes. (Source : SalySénégal.net)
Le site de mon copain belge Yves, consacré un peu à Saly mais surtout au Sénégal en général.
Une autre présentation de Toubabland :
« Ils mettent les djembés au monde